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Journal des débats politiques et littéraires, 6 septembre 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
6 septembre 1830


Extrait du journal

Farsovie , 15 août Si une Diète qui revient après cinq années d'intervalle et se réunit pour quatre semaines, sans qu'il entre dans ses travaux de discuter le Budget, ne petit exerce- «se grsd» V jluence sur les destinées de la Pologne, du moins elle ramène le Roi dans notre capitale et lui fournit l'occasion de connaître par lui-même et les besoins de notre patrie et les améliorations que réclament les îlbus qui se glissent de jour en jour dans notre administration. Le discours que l'Empereur et Roi a prononcé, à l'ouverture des Chambres, offre des passages remarquables, dont quelques uns, quoique adressés àla nation polonaise, sont dé naturé a intéresser l'Europe. Tel est le paragraphe suivant : « Vous verrez qu'il a été satisfait à » plusieurs de vos demandes; qu'il a fallu en ajourner.d'autres, mais « que toutes ont été prises en sérieuse considération, et qu'ainsi le a droit de pétition, renfermé dans de justes limites, lorsqu'il éclaire » le gouvernement, concourt àla prospérité publique. » Il est fâcheux seulement que ces limites soient restreintes aux seuls membres de la Chambre, et ne s'étendent pas a toute la nation , coinnj chez les Ïeuples gouvernés constitutionnellement; et le dernier, qui termine e discours : « J'accueillerai les améliorations que vous proposez aux » projets de lois qui vous seront communiqués, et je me complais )> dans l'espoir que le Ciel bénira des travaux entrepris sous d'aussi si heureux présages. » Conformément ?u règlement, d'autres discours ont été prononcés le même jour; de ce nombre est la courte harangue prononcée dans la Chambre des Députés, par le prince Adam Ozartoryski, àla tête de la députation du Sénat chargée d'inviter cette Chambre à la séance royale. Ce discours, écrit avec une mâle\loquence, est remarquable autant par ce qu'il dit, que par tout ce qu' un Polonais sait y com prendre. L'orateur appuie fortement sur la nécessité de présenter dans les circonstances actuelles, autant de calme et de prudence que de fermeté, et de ne s'attacher qu'aux choses de première importance, fermant pour ainsi dire les yeux sur beaucoup cfautres, afin de ne pas exposer la conservation des garanties que nous possédons aujourd'hui, etTle laisser àun souverain nouveau le temps de comprendre et d'ap pnyer des institutions dont toutes les habitudes et les antécédens ne peuvent jusqu'à présent que s'éloigner. Prononcé avec tout le prestige des nobles vertus de l'orateur, et d'une vie entière vouée sans relâche comme sans reproche au service de la patrie , ce discours a produit dans la Chambre la plus vive sen sation. Pour la première fois, le Roi a été témoin de nos débats, et a •entendu nos plaintes appuyées par deux corps respectables ; pour la première fois, il a vu se manifester l'esprit général dans toutes ses nuances : d'une part, dévouement à sa personne, et reconnaissance pour les bienfaits d'Alexandre; de l'autre, attachement inviolable à la Charte, qui fait son plus beau titre de gloire, sévérité contre le ministre , et indignation contre ceux qui ont violé de mille manières les lois fondamentales. En effet, aucune Diète, jusqu'ici, n'avait eu • dénoncer des violations plus nombreuses et plus flagrantes. Le conseil qui, dans son apathie, espérait sans doute que nous n'aurions pas de diète, avait préparé à la hâte une loi sur le divorce. Cette loi, aussi insuffisante que mal présentée par le ministère, a été rejetée par la Chambre. Les Réputations des deux Chambres ont remis au Roi, le jour de la •elôture de la diète, leurs Adresses accompagnées d'observations; S. M. les a assurées qu'elle les prendrait en sérieuse considération et qu'elle désirait pouvoir satisfaire aux demandes des Chambres. Cette assu rance devient d'autant plus précieuse qu'elle en a reçu la promesse •qui termine le discours de clôture, tout ce que nous a laissé l'Empe reur en nous quittant. Espérons que cette Diète aura fait comprendre au Roi la nécessité •de recomposer notre ministère et de réorganiser notre conseil d'Etat. En effet, peut-il conserver un ministre de l'instruction publique, instrument aveugle de ce commissaire impérial qui, par la plus noire .perfidie, dirige sans relâche ses armes empoisonnées contre la nouvelle génération. Nos espérances se portent avec confiance sur un Roi dont nous sa vons reconnaître les intentions ; cependant, souvent loin de nous il ne peut connaître par lui-même tous nos besoins,' et nous avons vu avec regret qu'il ne consultait pas toujours les hommes qui pourraient l'éclairer. Puisse-t-il au moins fermer tout accès à nos ennemis, et s'éclairer par lej Chambres sur les actes de notre administration !...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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Données de classification
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