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Journal des débats politiques et littéraires, 8 octobre 1892

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Journal des débats politiques et littéraires
8 octobre 1892


Extrait du journal

préférences de M. Henry Maret. Les nôtres appartiennent à l'état de civili sation et de société, fondé sur l'idée du droit, et dans lequel la force publique est mise au service de ce droit par le gou vernement qui la détient. Qr, le droit, à nos yeux, c'est la liberté du travail pour les ouvriers, et, pour la Compagnie, la liberté de renvoyer les ouvriers qui ne veulent pas travailler. A notre tour, nous avons des re proches à faire au gouvernement. C'est un grand scandale qu'il n'ait rien tenté pour assurer aux ouvriers la liberté du travail, et il y a lieu de croire que, s'il l'avait fait en temps opportun, la grève aurait suivi un cours très différent. Il a assumé et il conti nue d'encourir une lourde responsabilité en laissant M. Baudin et ses acolytes organiser des patrouilles qui, à côté de nos soldats in utiles, empêchent de travailler les ouvriers qui voudraient le faire. Il y a là un com mencement de satisfaction accordée à M. Henry Maret, un demi-retour à l'état de nature, un emploi de la force brutale con tre le plus respectable des droits. Et c'est dans ce sens qu'on pourrait dire, en repre nant le mot de M. Camille Pelletan : « Le gouvernement finira-t-il par comprendre ses devoirs ? » S'il les avait compris et surtout remplis dès le début, la situation ne serait pas de venue ce qu'elle est aujourd'hui. Elle est difficile, certainement j elle est délicate, et elle menace de le devenir encore davantage par suite des .erreurs et des faussetés que l'on répand dans le public. A force de ré péter qu'il s'agit, dans cette affaire, du suffrage universel et du respect auquel il a droit, les naïfs ou les distraits finissent par le croire. Veut-on se rendre compte des déformations que les faits les plus connus subissent dans les esprits, même au bout de peu de temps, puisque nous ne sommes pas à deux mois du 15 août, et à mesure qu'on s'éloigne de Carmaux, même de peu de distance? Qu'on lise Y Indépendance belge, journal sérieux, généralement bien informé, et que nous considérons presque comme un journal français. V Indépen dance belge racontait à sa manière, jeudi dernier, les événements qui ont donné naissance à la grève. « Un mineur, dit notre confrère de Bruxelles, M. Calvignac, a'"été renvoyé lëjour même de son élection comme maire de Carmaux. » Le jour même? En êtes-vous bien sûr ? Le journal belge n'en doute pas, car il revient à la charge un peu plus loin. « Les partisans de M. Calvignac, dit-il, font re marquer qu'il a été congédié le jour même de sofl élection, le jour même où il a battu le candidat que la Compagnie lui opposait ; ils affirment, et jusqu'ici le fait n'a pas été contesté, qu'avant l'élection de M. Calvi gnac la Compagnie souffrait parfaitement que ses agents s'occupassent de politique municipale ou générale, etc. » Voilà com ment on écrit l'histoire, à deux pas de nos frontières, et cela pour aboutir à la conclu sion que « c'est donc bel et bien un procès de tendance que la Compagnie fait au maire ouvrier de Carmaux ». Telle est l'opinion de Y Indépendance belge, et telle est égale ment, si on veut l'en croire, celle de M. Loubet. M. le président du Conseil n'au rait pas hésité à déclarer à M. Maujan que l'action de la Compagnie était «criminelle », mais qu'il n'y pouvait rien. îî'est-il pas temps d'arrêter cette ridicule légende en voie de formation, de rétablir les faits, de préciser les droits de chacun, et surtout de les faire respecter ? Seulement, pour les faire respecter, il faudrait que le gouverne ment montrât quelque netteté d'esprit et quelque décision de caractère, et nous sommes bien obligés de constater qu'il n'a...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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