Extrait du journal

de vie, de dangers, de combats, de gloire, et mon exis tence se consume ici dans un morue et honteux repos. J’ai promis au geôlier de la H-irdouinaye de ne pas ré véler sa désobéissance en reprenant ma place au soleil. D’ailleurs, je ne puis quitter mon père. Vivre et mourir déshonoré, voilà mon sort... Oh ! Dieu n’est pas juste d’écraser ainsi deux innocents sobs tant de hontes et de douleurs ! « Emue de ce triste récit, dont chaque mot tressaillait d’une angoisse contenue, et cédant à l’élan do son cœur, Marcelle prit h main de Raoul et la pressa entre ses mains délicates. L’affectueuse et profonde sympathie de ce geste pénétra jusqu’au cœur du chevalier de Plougomar et fit déborder les larmes brûlantes amassées par par tant d’années de souffrance. « — Pardonnez-moi cette faiblesse indigne d’un hom me , dit-il au bout de quelques minutes en retirant sa main oubliée dans celle de Marcelle. Il m’a semblé que mon cœur se brisait au son de votre voix et laissait dé border l’amertume qui l’é'ouffait. « Marcelle comprit l’inutilité de chercher à calmer une telle douleur par do banales consolations. Elle détourna insensiblement la conversation do ce triste sujet, et Karvint à faire causer un peu le malheureux jeune omme. « Quelques jours se passèrent. Les pieds de Marcelle commençaient à se guérir. Le caractère de Raoul se ressentait déjà de la douce et salutaire influence de la belle étrangère. Ce pauvre cœur brisé s’était repris à vivre sous les regards de la jeune femme, comme la fleur desséchée renaît sous les perles de la rosée. En vain Forage grondait-il à travers les arbres do la forêt...