Extrait du journal

Voilà son rêve... Enfin, de rage transportée, Sous ton regard de feu, l’émeute est avortée, Changarnier. Les fuyards, en proie à la terreur, Dans les clubs indignés répandent leur fureur. Tu n’es plus à leurs yeux qu’un réactionnaire, Du jésuite éternel secret pensionnaire, Un brave, si l’on veut, mais un brave entêté ; Un Monde ambitieux empreint de royauté; Et condamnant d’un mot ta rapide victoire. Ils ont dit : « Dans nos rangs seulement est la gloire; • Dans nos rangs seuls l’honneur et les nobles guerriers... « Nous l’eussions accepté !... Flétrissant ses lauriers, e Complice du voleur nommé propriétaire, a II n’a compris jamais le grand égalitaire, « L’échafaud !... » C’est ainsi qu’un civique égorgeur, Changarnier, te dévoue à son poignard vengeur. Que le pays ému sache quel est ton crime! Alors qu’il s’endormait sur le bord de l’abîme , As-tu donc, dans le sang qui coulait à grands flots, Noyé les insurgés, étouffé leurs complots î As-tu, pour assouvir ton implacable rage, De tes bouillants soldats aveuglé le courage? Tes apprêts menaçants, tes ordres, tes rigueurs, Ton bras, sans les frapper, dispersaient les ligueurs. Des hommes que. jamais la vérité ne touche Te dénoncent pourtant comme un soldat farouche ; Ton épée accepta leurs insolents défis. Nulle mère, en pleurant,ne te demande un fils; L’enfant ne traîne point sa douleur solitaire Au triste cabanon où tu jetas son père. Ah ! la France t’envoie un cri reconnaissant ! Gloire!... pas une larme, une goutte de sang !... Peuple souvent trompé, peuple que l’on égare, De tes loyaux amis quelle main te sépare? Toute sédition qu’ordonne un froid jongleur, ( Elargit ta misère et grandit ton malheur....