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Journal des villes et des campagnes, 7 octobre 1872

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Journal des villes et des campagnes
7 octobre 1872


Extrait du journal

I gue ? Dans les émotions populaires, ils 1 ont l’habitude de sortir de dessous les pavés. Ici, ils semblent avoir systéma tiquement laissé le champ libre aux vauriens. ( Le citoyen maire « était à la mairie ». C’est fort bien. Mais il y a temps pour être à la mairie cl pour être dehors. Lorsque la foule est ameutée, crie, hurle, joue des poings, la place du maire, son poste d’honneur, est en face (les braillards et des violents, pour les rappeler au respect de la loi ou pour appuyer de sa personne la répression immédiate. Blâmer platoniquement et après coup les excès populaires est com mode. Il est plus courageux, quand on n’a pas su les prévenir, de se jeter dans la mêlée pour les arrêter. Il est plaisant de dire aux gens qui arrivent en chemin de fer après un voyage do cent cinquante lieues qu’ils auraient dû avertir l’autorité qu’ils se raient accueillis par des outrages et des coups do poing. Il n’est pas moins étrange do leur reprocher de n’étro pas arrivés deux heures plus tôt. Si leur retour était une dangereuse manifesta tion, il était moins visible après le cou cher du soleil et risquait moins d’attirer la foule. Mais peut-être le citoyen maire, qui connaît les hommes de sou parti, veut-il dire que les vauriens font plus aisément et plus volontiers leurs coups à l'ombre de la nuit qu’à la lumière du jour. Les pèlerins sont rentrés à Nantes comme cela s’est trouvé. Ils avaient le droit de choisir leur heure. Ils ne l’ont sans doute pas fait. Ou ne voit pas pourquoi, iusultés et battus à six heu res, ils eussent été respectés à quatre. Si le citoyen maire n’est pas le maire des émeutiers, comme il dit, il est cer tain que le 20 septembre il n’a pas été gênant pour eux. 11 est piquant après cela qu’il se déclare « homme d’ordre.» Comme il y a plusieurs espèces de lu mières, il y a aussi plusieurs espèces d’ordre. Ce ne sont pas seulement les idées qui sont troublées chez nous, ce sont aussi les mots de la langue usuelle. M. Louis Blanc, le fameux désorganisateur du travail en 1848,s’appelle «hom me d’ordre». Et M. Gambetta aussi est «homme d’ordre», à ce qu’il dit. Dolescluze et Jules Vallès prétendaient aussi à ce beau titre. L'homme d’ordre qui a l'honneur d’être le premier magistrat d’une grande cité a pour première qualité d’être vigi lant; en second lieu il est le serviteur des lois et le gardien de la paix civile. S’il ne se seul pas capable de savoir et de prévenir le désordre, s’il ne se croit pas une autorité suffisante pour le ré primer énergiquement, qu’il laisse un fardeau trop lourd pour ses épaules et rentre dans la vie privée. Les hommes d’ordre de cette espèce, par leur conni vence ou leur apathie, sont les sûrs auxiliaire des émeutiers....

À propos

Fondé en 1815, le Journal des villes et des campagnes était une feuille légitimiste et ultramondaine cherchant à satisfaire à la fois une audience urbaine et rurale. Le Journal paraît jusqu’en 1895.

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