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L’Action française, 28 octobre 1925

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L’Action française
28 octobre 1925


Extrait du journal

La journée a commencé par l'audition de témoins fort émouvants, unanimes dans leurs éloges du petit martyr Philippe : le bon abbé Cayroche, curé de Mosnes, à qui Philippe avait servi d'enfant de chœur et qui a témoigné do sa piété ; M. Ferté, le proviseur éminent du lycée Louis-le-Grand,. qui a montré Philippe dévoué à ses cama rades, demandant généreusement, devant le conseil de discipline, la grâce d'un méchant élève, qui avait cherché à l'assommer, à la suite d'une discussion où Philippe avait pris la défense de son père ";1 Maurice Pujo, enfin, mon frère d'armes et mon frère tout court, qui a montré l'enfant dans son inté: rieur ; puis François Simon )et Calzant, qui l'ont montré chez ses amis les Camelots du Roi et les Etudiants. Car cet enfant chéri me demandait toujours, comme une récompense suprême, de venir au journal et de courir dans nos services divers, dont la variété l'amusait. Ne devait-il pas me suc céder un jour à la rédaction en chef de VA. F. : « Pujo, je serai ton concurrent » disait-il en riant à son grand ami. Est venu aussi à la barre M. Lasal, gardien en chef du parc de SainkGermain, grand mutilé de la guerre, à qui l'enfant s'était attaché, comme à tous ceux dont il admirait l'hé roïsme, et qui avait pris le petit en affection. Mais comment n'eût-on pas aimé Philippe, qui aimait tout ce qui est grand, simple et généreux ! La déposition de René Benjamin, d'une dialectique invincible et d'une émotion con tenue, a profondément remué l'auditoire, notamment quand il a évoqué la figure et les paroles de Barrés, mort peu de jours après Philippe, mais que la fin tragique de Philippe avait frappé au delà de toute expression, et qui répétait, en parlant de moi : « Pauvre Léon, la police politique le tuera, ou elle tuera quelqu'un des siens. $ Quant au véritable plaidoyer, d'une force et d'une pertinence incroyables, que M" iWillm a prononcé contre la possibilité du suicide, en utilisant les faits de la cause, il a semblé passionner le jury et, avec le jury, to.ute l'assistance. M. l'avocat général, soucieux, le menton dans la main, suivait avec inquiétude le développement de cette pensée entraînante, lucide et sage. M9 Willm est un des meilleurs orateurs que j'aie jamais entendus, et deux des arguments pro duits par lui contre le suicide étaient, à ma connaissance, entièrement neufs. Après lui, par un contrasta saisissant, a déposé, étrangement ému et cherchant 6es mots, le garçon d'étage de l'hôtel Bellevue, au Havre, M. Provis, qui a vu et reçu Philippe et, interrogé par l'enfant, lui a donné des renseignements sur le Canada, oà il a habité. Mais quel frisson d'horreur, lorsque Georges Vidal, le petit cannibale du Libertaire, mielleux et féroce, fit son entrée! C'est Vidal, en effet, et nul autre, qui fut chargé par la police, détentrice des petits poèmes en prose et du billet «Ma mère chérie «, d'assumer la responsabilité de la fable absurde d'après laquelle Philippe aurait écrit ce billet en présence de Vidal, et donné ces petits poèmes à VidaL Je définirai ce sinistre produit en le com parant à une vipère enduite de vaseline. Au début, il crânait, mais peu après, sous l'action du questionnaire de Marie de Roux et de Vallat, une sueur profuse coulait sur son front. Depuis le drame, il habite 30, rue des Cendriers, chez Louis Lecoin, le « préfet de Police de l'anarchie. C'est dire 8il est surveillé !... Assis à côté de la barre, je pouvais l'observer à loisir, pâle et même verdâtre sous ses lunettes, cherchant à faire l'insolent, mais peu assuré dans ses réponses et rapidement démonté par les questions. A la fin il déclara, comme une chose, toute natu relle, qu'il savait que Philippe avait été tué par la police. Mais, aussitôt, et devant l'effet produit, il rectifiait ce savait en pen sait, ha. rude journée se terminait par une courte confrontation entre Vidal et son caqiarade et compère Henri Faure, que la cour réentendra demain., On n'a pas oublié que, dès sa seconde déposition devant M. Barnaud, Vidal fut pris de sanglots convulsifs. Arrêté à ce moment-là, il eût vraisemblablement mangé le morceau. Mais M. Barnaud est un juge beaucoup trop intelligent et averti pour n'avoir pas compris que l'arrestation de Vidal, de Gruffy, de Davray, de Faure ou de Flaoutter eût automatiquement amené, çur les lèvres des anarchistes, la dénoncia tion du meurtre policier. C'est ce qui explique l'étonnante mansuétude observée vis-à-vis de sinistres individus, chez l'un desquels (Gruffy) furent trouvés de menus objets ayant appartenu à mon enfant, et qui, manifestement, l'ont attiré, chambré et " dévalisé. Dans son lamentable réquisitoire, bourré d'erreurs, M. Scherdlin lui-même, tout en essayant de sauvegarder la tranche policière du crime, sacrifie la branche anar chiste et reconnaît, sans chercher a la...

À propos

Fondée en 1908, L’Action française est un journal d’extrême droite dirigée par Charles Maurras et interdit à la libération en 1944. Se gargarisant d’être « le journal du nationalisme intégral », la publication se veut le trait d’union entre les mouvements royalistes, nationalistes et antisémites.

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