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L’Assemblée nationale, 22 décembre 1853

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L’Assemblée nationale
22 décembre 1853


Extrait du journal

Ce jour-là, le temps était magnifique : avril tou chait à sa fin, et le printemps préludait à ses splen deurs par une journée qui eût fait honneur au plus charmant mois de mai. J’avais traversé, pour venir chez le docteur, une partie des Champs-Elysées, du jardin des Tuileries et des boulevards; et, partout, j’avais trouvé sur mon chemin le mouvement, la vie, l’air de fête, la verdure naissante, le gai rayon de soleil. De joyeux groupes d’enfants couraient à travers les allées ; de beaux ramiers au cou miroi tant, à l’aile frémissante, voletaient de branche en branche ; de douces senteurs descendaient, avec la fraîcheur et l’ombre, du haut des tilleuls et des maronniers. Des couples élégants, coquets, heureux de vivre, foulaient l’asphalte d’un pas rapide et de cette fière allure qui veut dire que l’on ne va à pied que par complaisance pour le beau temps. Des milliers de voitures se croisaient de tous côtés, laissant entrevoir, comme par éclairs, ici des bou cles de cheveux blonds ruisselant sur des joues ro ses, là deux rangées de perles fines enchâssées dans un sourire, plus loin l’étincelle de deux yeux noirs jaillissant sous un front de marbre : une de ces journées, parisiennes avec un ciel d’Italie, animées, riantes, sémillantes, fringantes, irrésistibles, qui réjouissent la vue, enivrent l'imagination, font dire au provincial, débarqué de la veille : « Il n’y a au monde qu’un Paris ! » — et que le rêveur de vingt ans, pauvre et seul, jeté en face de ces spectacles de luxe et d’élégance, grave dans sa mémoire comme l’ardent commentaire de ses ambitions et de ses chimères. Lorsque j’entrai chez le docteur, le regard et l’esprit encore pleins de cet éclat et de cette fête, deux hommes, jeunes encore, introduits avant moi dans le petit salon qui précède son cabinet, atten daient leur tour d’audience. A voir leur air ennuyé •et leur physionomie taciturne, il était clair qu’ils ne se connaissaient pas et qu’ils étaient venus sé...

À propos

La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.

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