Extrait du journal

J'ai dit ailleurs, dans un article de ia Rfi'iir de Paris, les funestes résultats, pour la. partie libre et indépendante de la presse parisienne, pour la presse départementale, si intéressante et qui constitue le plus sur baromètre de la véritable opinion politique française, enfin et par-dessus tout pour notre littérature, de cette élévation formidable du prix du papier, que notre fabrication nationale s'efforce de maintenir par plusieurs moyens : en restreignant, en « inalthusianisant » sa production, d’une part ; et de l'autre en pressant le gouvernement de rendre définitif le droit, jusqu’ici seulement provisoire, de 60 francs par 100 kilos sur le papier importé de l’étranger. Si les pouvoirs publics cédaient à cette exigence monstrueuse, c’en serait fait de l’influence intellectuelle de la France dans le monde ; c’en serait fait même de son influence scientifique : car, pour nos livres de science, l’acheteur français ne compte que pour un tiers : les deux autres tiers des achats viennent d’Angleterre, des Etats-Unis, de l’Amérique du Sud, et même d’Allemagne. Si, en raison du prix du papier, nos éditeurs renoncent à publier les livres de nos savants parce que la clientèle étrangère se refuserait à acquérir ces ouvrages, vendus trop cher pour supporter la concurrence des ouvrages allemands, par exemple. nos chimistes, nos géologues, nos biologistes, nos philologies se verront dans 1 impossibilité de faire imprimer leurs travaux. quant à notre littérature d imagination, on sait quelle crise elle traverse : les débutants dans les lettres ne parviennent pas à trouver un éditeur : tiré à 1.500 exemplaires, un roman vendu 4 fr. 90 ou 5 fr. 70 ne paye pas ! T tandis que, par un phénomène qui n’est contradictoire qu’en apparence, il n’est plus possible de tirer des éditions « populaires » d’un manuel scolaire, d’histoire, par exemple : le prix du papier, qui entre alors pour 60 ou 80 % du prix rie revient, l'interdit....