Extrait du journal

En 1871, l’indemnité de guerre fut vile fixée. « Bismarck, nous dit Robert Dreyfus dans son récent livre M. Thiers, demanda 6 milliards. M. Thiers* accueillit ce chiffre d’un ton « froid, décidé, méprisant même », qui « décontenança » Bismarck : « Six milliards, mais personne ne pourrait les trouver. Ce sont des militaires qui vous ont suggéré ce chiffre, ce ne sont pas des financiers ». Bismarck proteste, il argumente, donne enfin son dernier prix : « Cinq milliards ». C’était à prendre ou à laisser. Blechroder, le grand banquier de Berlin cl Henckel von Donnersmarck s'offrent d’ailleurs à procurer à la France les milliards qui lui sont nécessaires. Ces « honnêtes courtiers » prendront naturellement de bonnes hypothèques. Bismarck appuie leur offre : « Vous paierez sans vous en apercevoir », déclare le bon apôtre. Le patriotisme financier de Thiers se révolta, il ne permit point qu’on osât « turquifier » le crédit de la France, il annonça que son pays ferait honneur à sa signature sans le concours de 'personne. Bismarck, dont le plan d’avenir consistait à placer la France sous la tutelle de ses banquiers, tempêta, il hurla sa colère : « Je suis bien bon de me donner tant de peine. Amenez demain un interprète. désormais je ne parle plus français. » Il regretta peut-être, à ce moment, de nous avoir trop peu demandé. Mais cinq milliards, c’était alors un chiffre !......