Extrait du journal

La Belgique célèbre en Gliarles De Gosier le père de sa littérature nationale. Avant ce romantique attardé, bien des Belges écrivirent, tant en français qu’en flamand — un des plus anciens, sinon le plus ancien monument de la littérature française, la Cantilène de Sainte Eulalie, a été composée dans un monastère des anciennes provinces belges — mais comme la Belgique n’était, avant 1830, qu’une expression géographique, qui n’était même pas très sûre de son nom, ils n’avaient rien de national : c’étaient des écrivains français ou néerlandais de province ; le plus illustre d’entre eux, le prince de Ligne, homme de lettres amateur, était un .prince de l’Europe française. Elevé, formé, dans un pays tout jeune, qui venait de conquérir son indépendance et qui découvrait sa nationalité, Charles De Coster lui a donné, dans son I ylenspiegel, une sorte d’épopée nationale, dont la Belgique officielle, bien entendu, ne comprit pas d’ailleurs la signification, qui n’est devenue vraiment populaire que depuis quelques années, mais qui a exercé sur toute la littérature et sur tout l’art belge une très forte influence. Bien que sa vie durant, il n'ait pas été aussi méconnu qu’on l’a dit, les fêtes officielles de son jubilé sont une manière de réparation....