Extrait du journal

La dernière loi militaire assujettissait les élèves ecclésiastiques, — comme tous les jeunes gens des classes libérales, — à une année de service. Cette dette fut loyalement payée. Or, voici que le cabinet Clemenceau décide aujourd'hui de renvoyer les jeunes clercs à la caserne et manifeste l’intention de les y garder pendant deux années de surcroît. Que devient alors la classique « égide des lois » ? Demain, les docteurs en droit et en médecine, les licenciés ès lettres, les élèves de l’Ecole des langues orientales et les premiers prix de Rome, qui, revenus du régiment après une année de séjour, comme leurs camarades ecclésiastiques, se croyant en règle avec la charte militaire, devront s’attendre à recevoir, — un jour ou l’autre, — l’ordre de rendosser le harnais et de réintégrer la caserne. L’arbitraire obéit aux exigences d’une inexorable logique. C’est pour punir les évêques qu’on enrégimente les jeunes clercs. Demain, si les professeurs de la Sorbonne, de la Faculté de médecine et de la Faculté de droit, si les peintres de l’Ecole des Beaux-Arts critiquent la politique gouvernementale, — qui nous garantit que le Dictateur ne se vengera pas de cette censure en incorporant de vive force les élèves des t< rebelles » dans l’artillerie ou dans les compagnies du train ?...