Extrait du journal

La retraite des ouvriers belges qui vou laient hier revenir aux usines qui leur avaient donné gain de cause, devant l’hos tilité et les menaces des « rouges » a changé lu front de combat. Caractère des vieux syndicats L’état d’esprit, ici, n’est pas celui de partout. Quarante ans d’apprentissage ont fait une mentalité ouvrière. Les syndicats — les vieux — sont puis sants, ont pignon sur rue, des fonds en banque. Leurs chefs se sont depuis long temps habitués aux responsabilités qui sont mères de prudence, jugement, pondération. Quand ifs parlent des puissantes dynas ties industrielles qui sont une bonne dou zaine à contrôler l’activité des deux gran des villes jumelles de Roubaix-Tourcoing, les chefs, - les hommes de confiance — des syndicats n’ont pas l’injure à la bouche. Quand les puissants patrons parlent des mandataires de leur personnel, ils n’ont ni sarcasmes, ni dédain, lis défendent des intérêts qui sont parfois en contradiction. Ils font de leur mieux chacun de leur côté. 11 n’est pas exagéré de dire qu’une longue fréquentation leur a appris à s’estimer, à appianir les aspérités des caractères, huilé les surfaces de frottement. Les ouvriers — les vieux — ont de même évolué. Ils font la grève parce qu’on n’est pas d’accord. Quand l’accord est fait, on rentre au travail sans cris, avec moins d’amer tume au cœur que les plaideurs sortant de la justice de paix. Cette peinture, fidèle, est nécessaire pour comprendre les risques de demain. Les risques pour demain Les risque*, de demain, on 11e les exprime pas. Mais, comme on sent par les nerfs surtendus l’approche de l’orage, l’altitude de ceux qui sont responsables de ce mou vement qui engloba cent mille hommes et avec eux leur famille, est éloquente. C’est Debunne, député-bourgmestre de Menin, dont depuis quarante ans, les ouvriers de la ville mitoyenne ont fait leur homme, disant : — Je marchais en tôle de ceux qui vou laient rentrer travailler. A un moment, nous avons vu qu’un choc devenait inévi table... N jus avons reculé... il ne faut pas de sang Mais nous ne nous laisserons pas gouverner par une minorité qui nous est étrangère... Nous passerons ! Henri Lefebvre, adjoint au maire de Roubaix, depuis trente ans. et secrétaire de son syndicat depuis autant, dans son bureau de la Paix, ne dit rien. A côté, on parle pour lui : — Nous en avons assez. Nous sommes maîtres de nos décisions. Si nous jugeons l’accord profitable, nous irons à l’usine. Personne ne nous en empêchera, et nous nous passerons pour cela des gardes mo biles. Voir la suite en 2L page, colonne 3....