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L’Ère nouvelle, 23 mars 1925

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L’Ère nouvelle
23 mars 1925


Extrait du journal

par Alice LA MAZIERE. Né d’une aventure ou de quelque liaison ir« régulière, le petit Paul avait six ans lorsque, lasse de payer pension pour lui, sa mère le fit revenir de la campagne où il avait été élevé. Il arrivait à Paris plein de santé, avec de bonnes joues rondes qui appelaient le baiser. Sa nature vive, primesautière extrêmement at tachante. lui valut toutes les sympathies. Toutes. — sauf celles de sa mère. Celle-ci était u. en ménage * avec un—hom me marié, ouvrier spécialisé, très capable, ga gnant cinq cents francs par semaine, mais ne possédant pas de notions bien précises sur la fidélité conjugale, ou sur les devoirs des pa rents envers leurs enfants. S’il ne s’occupait plus, en effet, des petits qu’il avait eus légitimement et abandonnés, ainsi que leur maman, il se montrait excellent père pour le bébé que lui avait donné son actuelle compagne. Quant à Paul, il l'ignorait. Ni ses bonnes joues, ni la gaieté de son frais visage, ni «a gentillesse ne l’avaient séduit. Il ne manifes tait à son égard ni amitié, ni colère. Pas méchant, pas brutal, il n’eut point levé la main sur lui. Mais il ne s’opposait point à ce que sa maîtresse assouvît sur le bambin, on ne sait quelle haine ou quelle rancune. Elle le frappait si cruellement que, sous ses coups Paul s’évanouissait. Un jour, le sang jaillit. Longtemps après les traces de ces vio lences étaient encore visibles sur l’enfant dont le sang coagulé agglutinait les cheveux et marquait de larges taches sombres de vête ment. Il arriva encore ceci : un soir, le petit Paul trouva close la porte du logis. Alors,’ grelotant, mourant d’anxiété, il fut obligé de passer la nuit dehors. Jamais lave, vêtu de loques sordides, il était d’une malpropreté si repoussante qu'il fut renvoyé de l’école. Mais il ne suffisait pas qu’il eût connu le» mauvais traitements, la peur, le froid, il fallait encore qu’il connût la faim. Bientôt, il porta sur son visage hâve, dan» tout son corps souffreteux et décharné les tra ces des privations qui lui étaient imposée». Des voisins, pris de pitié, lui donnèrent à manger, en cachette, puis, révoltés, indi-...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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