Extrait du journal

Le abri Sidoine, fils et petit-fils de Vergers berger lui-même nom dè Dion! M bien en vérité le plus franc luron et ie plus rusé compère qu’il fut possible de rencontrer menant paître un troupeau de brebis et de chèvres à trente lieues à la ronde de Saut Estaié. De jour de nuit, dans les prés, les luxerânières riches et drues aux regains abondants ; dans les sainfoins pourprés, les vignes au feuillage jauni, doré par les crémières morsures des bises d’automne- sur le bord des chemins pierreux le ^desquels, aux premières pluies,l’herbe pousse fine et sauterelle dans les vapats détrempés ; au milieu des taillis où le» jeunes bourres du printemps mêlent leur verdure frôle et précoce aux grisailles des farigoules et des romarins, il s’en allait couvert de sa longue cape de bure, flottante, jaunie par l’usage, un fort bâton de poux à la main, suivi de son bétail sautillant, bêlant, affamé, peureux. Un grand griffon à poils raides et noirs — Mirant — au museau plat orné de superbes moustaches, aux yeux débine flamboyants, l’accompagnait partout, harcelant de ses jappements rageurs les brebis songeuses et les chèvres vagabondes aimant à s’égarer dans kiièfcnduies d'autrui, adorant la broutille des saques brunes où il était interdit de passer....