Extrait du journal

Jacques Seydoux avait trouvé, pour bien caractériser le sens de la politique de Stresemann et pour la distinguer clairement d’une véritable politique de paix, une formule très heureuse en disant que pour «M. Stresemann le pacifiste n'était qu’un moyen d’obtenir certains avantages politiques, tandis que les hommes d’Etat français le considéraient comme un but et un devoir supérieur auquel toute la politique devrait être subordonnée». Il n’y a pas de meilleure façon de définir le rôle joué par le ministre allemand décédé dans l’ensemble des forces politiques de l’Europe. Cette politique est née dans la Ruhr où Stresemann. adhérent de la «Realpolitik» de Bismarck, avait compris que, étant donné l’état de choses, toute espèce de résistance, soit active, soit passive, ne pouvait aboutir à rien et que l’appel fait aux idées pacifistes des vainqueurs offrait l'unique moyen d’adoucir la situation de VAllemagne. C’est dans ce sens que Stresemann a su berner les alliés en leur parlant une langue très habilement adaptée à leur mentalité sans être lui-même le moindrement engagé dans la voie pacifiste : En son for intérieur il s’est moqué de l’Europe, n’ayant en vue que les intérêts de l'Allemagne et préparant une situation qui permettrait d’asséner sur la table des coups de poing encore plus forts et plus menaçants que ceux de Lugano. Et la faute impardonnable des alliés, faute dont ils seront un jour les victimes, fut d’accepter aveuglement comme bonne monnaie de paix une telle politique sans se préoccuper que pendant ce temps-là l’Allemagne nationaliste «'occupait d’une autre manière de se débarrasser de ses obligations et de satisfaire ses convoitises....