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L’Intransigeant, 2 mai 1881

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L’Intransigeant
2 mai 1881


Extrait du journal

cerne, on se fusille, on se bat, on se tue. Nous n’en sommes pas moins en paix sur le carnet de. M. Gambetta et sur le calepin de M. Ferry. Il est même telle ment entendu que nous sommes en paix, que les députés sont à la cam pagne. Si l’un d’eux veut savoir comment on se fait rabrouer, il n’a qu’à parler en termes propres, àla tribune, de la guerre de Tunisie. Des exclamations forcenées, parties de l’Union républicaine et du centre, lui répondront qu’aucune guerre n’a lieu nulle part et qu’il en a menti; le ministère déclarera qu’il ne fait pas la guerre, puisque le Parlement ne l’ÿ a pas explicitement autorisé, et M. Gam betta s’empressera d’ajouter qu’il ne laissera jamais travestir l’histoire con temporaine devant l’Assemblée de la France, au point de dire, que l’expédi tion de,.Tunisie constitue une guerre. Il eai-évidemmenf réservé à l’auteur du discours de Cherbourg, au faussaire du faux précédent Lincoln, d’inventer la paix à coups de canon. «Je te baptise alose, disait à un canard aux olives un curé qui devait être l’oncle Massahie, et bran pour ceux qui prétendraient que je ne fais pas maigre en te mangeant ! » — « Je te baptisé paix, dira le neveu du curé à la campagne de Tunisie, et quand même tu dévorerais trente mille hommes, quand même tu" serais le choléra, la fièvre, la peste et le désastre, j’entends qü’on te décore éternellement du nom de paix. » Henri Rochefort se demandait, il y a quelque temps, comment le Génois de Cahors s’y prendrait pour être,- selon ce que promettaient ses discours, belliqueusement pacifique et pacifiquement belliqueux. L’explication ne s’est pas fait attendre. Il s’agissait, tout simple ment, d’avoir sous la main une Chambre assez godichement rurale pour qu’elle acceptât de laisser mobiliser des troupes, tirer le canon et passer des frontières, sans s’émouvoir et sans même oser une observation; On se trouvait ainsi en guerre sans y être, et en paix sans y être non plus. C’était là l’idéal auquel nous devions atteindre avec un gouver nement de renards et un parlement de dindons. Le comble de l’humiliation, c'est que le bey, le stupide bey, ait encore montré plus d’intelligence que les comiques campagnards du Palais-Bourbon. Il a eu du moins, çà et là, des mouvements de résistance, des lueurs, des , velléités de volonté. Il a supposé, puisqu’on violait son territoire, qu’on lui faisait peut-être la guerre. La Chambre, elle, n’a même pas senti qu’on violait la Constitution. Une pareille bêtise n’est plus même une bêtise humaine, c’est une bêtise de mannequins. Maurice Talmeyri...

À propos

Fondé en 1880 par Eugène Mayer, L’Intransigeant était un quotidien de tendance socialiste. Ce qui ne l’empêcha pas, lors de l’affaire Dreyfus, de se laisser aller à un antisémitisme farouche.

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