Extrait du journal

POÈME épique en deux chants. CHANT I. UE DÉPART. Au grand Conseil,cloaque doctrinaire. Perchait naguère un Perroquet mignon, Ayant bon bec. Vert-Vert était son nom. Pour son patron, puissant fonctionnaire, C’était parfois un oiseau précieux, Car il savait par son doux caquetage Vous éblouir tout un aréopage. S’il parlait bien il volait encore mieux. Jusqu’à vingt ans, sur sa terre natale, Gonflé d’orgueil et ne possédant rien, Il végéta, puis vers la capitale L’ambition le poussa pour son bien. Sauteur adroit, fin courtisan, rapace, Roué , superbe et rampant tour à tour, Bavard surtout, son mérite à la cour Depuis longtemps avait marqué sa place. Il fut bientôt l’âme de ce séjour. Ses communaux, par plus d’une caresse, Lui témoignaient chaque jour leur tendresse, Et moins Cassetle, après son coffre-fort, N’aimait rien tant. Même, en un jour de baisse, ( Quoiqu’on l’ait dit, je n’en crois rien encore ), Près de Vert-Vert il oublia son or. Toujours parler et ne jamais rien faire Etait son lot, moyennant gros salaire. Libre, il pouvait voler, manger de tout : Les pots de vin étaient fort de son goût. Dans tous les cœurs il régnait sans partage, Et Guizotin, autrefois en faveur, Dépérissait d’envie et de langueur. Ceux qui voyaient, comme un ciel sans nuage, Briller ses jours, pouvaient-ils pressentir Que l’horion pour lui dût s’obscurcir Et sur sa tête amonceler l’orage ! Las ! mi-bas, il n’est rien de certain, Rien à l’abri des fureurs du destin! Vert-Vert savait le premier les nouvelles. ( Du télégraphe il tenait les ficelles ). Or , pour lui seul il gardait ces avis. Cela déplut à Quelqu’un du logis; A mieux, sans doute, il avait du prétendre : Mais un tel cas pouvait seul désunir Deux grands esprits si bien faits pour s’entendre....