Extrait du journal

Vautrin a été un événement. — La première représentation de cette puissante fantaisie littéraire avait attiré la moitié de lotit Paris, qui n’avait pas eu la curiosité d’assister à l’agonie de mademoiselle Falcon. Au rebord de velours râpé des loges de la Porte-Saint-Martin pendaient des burnous, et s’appuyaient des mains blanches chargées de pierreries. Les toilettes les plus splendides cachaient le papier éraillé de ces niches familiarisées avec la solitude.— On voyait que, surie nom de M.deBalzac, chacun était venu , s'attendant à voir ressusciter sur les planches ce monde singulier créé par ses romans. Avant le lever du rideau on voulait deviner le drame. On rangeait en bataille, devant la rampe, ces duchesses noyées dans des flots de dentelles; — ces beaux jeunes gens vêtus d’une canne Verdier et d’une paire d’éperons, mais ayant oublié de mettre des chaussettes dans leurs bottes vernies, et une chemise sous leur jabot : — dans ce coin de la coulisse, le vieil usurier, à l’œil glauque, à la face parcheminée, qui tend son doigt crochu vers utérin ; —ici l’escompter en escarpins, dont les joues roses sourient, tandis qu’il vous vend des actions industrielles ; —et le bataillon sacré des femmes de trente ans, qui ont passé de M. de Balzac à M. Charles de Bernard de...