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La Cocarde, 10 décembre 1894

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La Cocarde
10 décembre 1894


Extrait du journal

pour la pratique. Je pourrais multi plier les exemples. Je préfère prouver à M. Rod que l’acte dont il loue M. Henry Béran ger, un socialiste l’a accompli quel que six ans avant M. Henry Béran ger. Si celui-ci a été « courageux », comment qualifier celui-là ! Je retrouve, en effet, cette page dans une œuvre de longue haleine, ou plutôt une maquette informe, que la Revue Socialiste a bien voulu publier en 1888, Y Intégral, et qui, de puis,dort dans ma collection. On me permettra de me citer : Y.’Intégral.—Dites-moi ce qui vous répugne dans nos conclusions socia listes? Le Poète. —Tout. L’Intégral. — Mais encore? Le Poète. —Votre stupide égalité, d’abord. L’intégral. — 0 aristocrate qui mé connaissez votre mission ! Car, étant des meilleurs, des aristoi, vous avez une mission. Ne voyez-vous pas que dans n’importe quelle forme sociale, l’humanité ne pourra jamais se pas ser d’aristocratie. Et qui vous dit que les socialistes conscients s’affligent de cette nécessité ? Qui vous dit qu’au contraire ils i>e se réjouissent pas en se préparant à y satisfaire? De ce que le peuple s’est débarrassé de son aristocratie militaire, le jour où elle a cessé de le défendre, de ce qu’il travaille à en faire autant d son aristocratie industrielle confi née dans une pure fonction parasite à présent que la société a accompli son évolution industrielle, s'ensuitil qu’une autre aristocratie ne doive pas surgir et prendre la tête des na tions ? Et vous, qui êtes de ces élus de demain, comment n’avez-vous pas vu naître et grandir l’autorité de cette nouvelle aristocratie à côté de la puante et rapace horde finan cière ! Que dans une assemblée paraisse un poète, un savant, un artiste, ne sera-t-il pas, môme pauvre, aussi considéré qu’un agent de change ? L’idéal serait qu’il le fût davantage, je le sais ; mais cela viendra. Oui, je sais, Placide, ce que tu vas me dire : — Plus d’aristocratie, n’est-ce pas ? Allons donc ! c’est une niaise rie et un mensonge. Toi-même, n'estu pas un aristocrate ? Quand tu par les au club, n’es-tu pas écouté de préférence à tel ou tel inconnu ? Mais si tu perds ton intelligence, ou si tu te laisses distancer par plus intelligent que toi, lu perdras ton influence et tu devras reconnaître la nouvelle supériorité... Oui, je pré vois l’objection. — Comment se re crutera cette aristocratie ? Quelle sera son autorité ? Vous, Poète, vous opinez pour une aristocratie héré ditaire ouvrant ses rangs aux hom mes supérieurs à mesure qu’ils se produisent. Mais ce serait fermer la porte aux idées nouvelles et con-, damner l’aristocratie à une inévita ble décadence Vous craignez que 1 foule ne choisisse pour conseiller: ceux qui s’abaissent à elle au lieu de l’élever à eux. Moi aussi je .le crains ; mais, dites-moi, où est la perfection ? Ce sera aux sages de re doubler d’efforts, de risquer tout pour éclairer le peuple, dût celui-ci ne leur en savoir aucun gré. Après tout, le peuple méconnaissant Con dorcet me semble moins inepte et moins criminel oue Louis XIV dis...

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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