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La Cocarde, 18 novembre 1891

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La Cocarde
18 novembre 1891


Extrait du journal

Tout le monde connaît, au moins de nom Y Union française pour le sauvetage de l'Enfance, dont le président est M. Jules Simon. Le directeur de cette utile Société vient de saisir le parquet d’une affaire qui, si les faits signalés sont exacts, est appelée à avoir un grand retentissement. 11 s’agit d’un pauvre bébé martyrisé par son père. Les bruits que nous allons raconter cir culent dans un coin de Paris, un quartier aristocratique; à titre do documents nous les donnons. On raconte qu’un compositeur de musique, dont les œuvres ont été représentées sur une de nos grandes scènes lyriques. M. X..., qui appartient à une honorable famille de magistrats, son père ayant été président de cour d’appel, épousait, il y a deux ans, la fille du président du tribunal d’une grande ville de Bretagne. Les premiers mois de leur mariage furent très heureux, aussi la jeune femme se féli citait-elle du choix qu elle avait fait. Grâce à leur fortune, à leurs alliances avec de hauts personnages, ils virent s’ouvrir de vant eux les portes du monde les plus diffi ciles à franchir. Comme on le voit l’avenir s’annonçait sous les couleurs les plus riantes pour le jeune ménage. Malheureusement ce bonheur ne fut pas de longue durée pour la pauvre Mme X... 11 y a près d’un an elle accouchait d’un gros garçon. La mère était folle de joie ; cette joie fut Lin d’être partagée par M. X... Tout le monde remarqua la haine qu’il avait Four son fils. Si la nourrice lui apportait enfant son premier mouvement ôtait de lo repousser ; souvent il alla jusgu’à donner brutalement l’ordre qu’on lui enleva le pau vre bébé de devant les yeux. D'où pouvait venir ces motifs de [haine 7 On dit que les deux époux s'étaient fait, au dernier vivant, une donation de leur fortune et que l’arrivée du petit être détruisait les projets de M. X... Il aurait, dit-on, conçu le criminel projet de se défaire do sa femme en employant un moyen échappant à l’action de la justice... la morphine. M. X..., a-t-il eu réellement cette crimi nelle pensée ? Nous n’en savons rien. Ce qui a pu donner créance à ce bruit, c’est l’abus insensé que font les deux époux de ce délicieux poison. Qui a .commencé ? Les gens qui accusent M. X..., disent que c'est lui,qui a engagé sa femme à en user et que, si lui-même s’eri est se. vl, c’est pour l’encou rager et pour donner le change. Rusé ou non, M. X..., est, à l'heure actuelle, aussi morphinomane que sa femme. Est-ce à cela qu’il faut attribuer l’état d’exaltation tou jours croissant de M. X.„, et dans lequel il aurait si brutalement frappé son fils que l’enfant, renversé à terre, se serait cassé la jambe. Des scènes continuelles troublèrent le mé nage, Mme X..., dont la santé ne fut pas longue à s'altérer, dut prendre le lit. Quel ques mois plus tard, des tressaillements d’entrailles lui firent pressentir l’approche d’une seconde maternité. La colère du mari, en apprenant cette nouvelle,ne connut plus de bornes, et l exis tence devint intolérable. Les domestiques, écœurés des scènes odieuses qui so pas saient sous leurs yeux, quittèrent la maison. Les médecins, appelés près de Mme X..., ne voulant pas continuer leurs soins pour ne point assumer la responsabilité de la mort de Mme X..., une sage-femme, du quartier du Panthéon. Mme D..., fut appelée près d’elle. Elle fut témoin de choses incroyables. Elle vit M. X... l’injure à la bouche, tenter de frapper sa femme. Chaque soir le valet de chambre appor tait quatre flacons contenant chacun trente grammes, lo lendemain ils étaient vides ! Qu’en faisait-on ? Comment pouvait-on se procurer une telle quantité de ce poison que les médecins n’ordonnent que dans des cas spéciaux et par doses infinitésimales? Mme I)...a vu dans une boite plus de deux...

À propos

Lancée en 1888 par Georges de Labruyère, La Cocarde fut longtemps un titre dévoué corps et âme au mouvement boulangiste. Après l'écroulement de celui-ci, le périodique renforce sa ligne démocrate-chrétienne tout en rencontrant de plus en plus de difficultés financières. Plusieurs directeurs s'y succèdent, dont Maurice Barrès, mais aucun ne réussit à ranimer le périodique. Il continue toutefois sa parution jusqu'en 1938 avec un tirage extrêmement confidentiel – estimé à quelque 25 exemplaires par numéro.

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