Extrait du journal

Bourges, le 2 octobre 1891. Maintenant que l’écho des grands événements des vacances commence à s’affaiblir — il ne sera bientôt plus question du suicide du général Bou langer — il faudra revenir aux préoc cupations plus terre à terre, à la bonne besogne gouvernementale et parlementaire de chaque jour, ainsi qu'au lendemain d’une grande fête on reprend son labeur avec plus de plai sir et de courage. Deux grosses affaires attendent la Chambre à la rentrée. D’abord la suite de la discussion des lois doua nières qui a fait verser déjà tant de flots d’encre et de paroles, puis l’étude du budget de 1892. Puisse-t-on s’v prendre de bonne heure pour celle-ci, car on sait par une fâcheuse expérience combien la loi financière laisse de réformes en suspens chaque fois qu’on est obligé de la bâcler au galop, dans le dernier mois de l’année. Et puis, nous ne cesserons de le répéter, l’heure est venue de s’occuper des travailleurs et des humbles. Les grandes mesures de justice sociale ne trouvent assurément pas leur place dans un budget ; c’est à part et isolé ment qu’il faut les élaborer. Mais un gouvernement sagement économe, animé de sentiments démocratiques, peut toujours, par une plus équitable répartition des charges ou des re cettes, faire du socialisme, modeste peut-être dans ses allures, mais très recommandable en pratique. N’est-ce pas du socialisme que te dégrèvement prochain des transports par grande vitesse dont l’effet se tra duira par une diminution des prix des petites places, allant de 30 à 36 pour cent ? N’est-ce pas aussi du socialisme que l’amélioration du sort d’un grand nombre de petits employés sortis du peuple, appartenant à la classe des travailleurs, et qui, avec leurs trop modestes salaires, sont infiniment moins à leur aise que la plupart des bons ouvriers ? C’est à ceux-là que M. le ministre des finances devrait surtout songer dans la confection de son budget. Dans l’administration des postes, nous le constatons avec plaisir, il sera fait les modifications suivantes : le traitement de début des receveuses sera porté de 800 à 1,000 francs. Estce trop en vérité ? — Un supplément...