Extrait du journal

Les indigènes arrachés à leur milieu et transportés en Europe y gagnent peutêtre un certain vernis extérieur, qui ravit d'aise les âmes sensibles et provoque de savantes dissertations sur l'influence civilisatrice de la culture française. Les facultés d'adaptation des races dites primitives sont généralement grandes et il ne faut pas longtemps à un Bobo ni à un Moi pour savoir ajuster élégamment ses malletières, exécuter avec souplesse et précision les mouvements les plus compliqués de l’escrime à baïonnette ou prendre goût aux spectacles cinématographiques. Il ne lui faut pas longtemps non plus pour trouver fatigant et méprisable le travail de la terre, dont le métier militaire, au surplus, l’a déshabitué ni pour considérer comme indigne d’un soldat français l’obligation d’obéir à un civil, surtout si ce civil est un « sauvage », comme son chef de famille ou son chef de village....