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La Dépêche du Berry, 4 mars 1937

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La Dépêche du Berry
4 mars 1937


Extrait du journal

Comme il fallait s’y attendre, le grand débat parlementaire dt \ « ndredi dernier, qui s'est terminé par l’approbation de la politique du Gouvernement, n'a apporté aucune solution aux problèmes de l'heure. La « pause > continue, et la crise également. Telle est, en somme, la conclusion qu'on pourrait tirer de ce débat quf, du reste, ne manqua ni «l'intérêt, ni d'allure. Ce n’est pas, d'ailleurs, que le Gouvernement pût être mis en péril par l’interpellation de M. P.-K. Flandin et l'intervention de M. Paul Reynaud. Du moment que le groupe radical et radical-socialiste avait décidé, tout en rechignant un peu. de donner son soutien au Cabinet, la partie était jouée. ► Mais on conviendra que nous ne sommes guère plus avancés qu’auparavant. Ce n’est pas parce que M. Léon Blum s’est expliqué sur la *. pause > ou longuement étendu sur la hausse des prix et la capacité d'achat, que les questions sont résolues, bien au contraire. On avait parlé, pour tenter de les résoudre, d’élargir les bases de la majorité, voire même du Gouvernement. M. Léon Blum a déclaré, avec une certaine crâneric, d’abord qu'il n'était pas décidé à s’en aller, ni à devenir le chef d'un gouvernement d’union nationale, et que, à la vérité, son gouvernement, dans les conjonctures actuelles, était le seul gouvernement national possible. Nous le voulons bien, mais il faut en administrer la preuve. M. Léon Blum pense que son gouvernement est le seul qui puisse avoir la con fiance des masses populaires. Nous le reconnaissons bien volontiers. Mais il n'a pas la confiance des classes possédantes, et c'est là le hic. Car. enfin, les masses populaires, dont nous sommes loin de nier ce qu'elles représentent de dynamisme, ne sont tout de même, dans l'état pré sent des choses, que des < parties prenantes » et iie peuvent apporter à la trésorerie anémiée de M. Vincent Auriol l'afflux de capitaux frais qui lui permettrait de doubler le cap des tempêtes. Alors, ‘comment la maison France va-t-elle s'en tirer ? L’emprunt devient do plus en plus difficile, et M. Vincent Auriol se défend de vouloir faire le contrôle des changes. L,a hausse exaspé rante des prix pousse à des mesures de répression qui indisposent le commerce, et le Sénat a refusé de donner un blanc-seing au Gouverne ment en ce qui concerne le jeu des taxes douanières, parce qu’il redoutait ;n envahissement du marché qui porterait préjudice au monde agricole, aux artisans et aux industriels. Que faire, donc ? Suivre le conseil de M. Raymond Patenôtre et ramener le franc à la parité de 43 milligram mes d’or fin, pour supprimer la prime à l’achat des devises étrangères ï Sans doute, scra-t-on acculé à cette mesure, mais sera-t-elle de i nature à nous tirer d'embarras ? Non, si d’une part les prix de gros 1 < ontinuent leur ascension, et si. d’autre part, on n’institue pas une poliÆ tique de crédit qui permettra aux affaires de repartir en grand dans tous domaines. Ceci pourra parer au plus pressé, mais sera encore insuflisant si. dans le même temps, la production ne s'accroît pas, afin de i taire fléchir les prix de revient. N'oublions pas davantage que les stocks anciens vont être totalement I « puisés,.et qu’il va falloir les renouveler aux prix actuels, c’est-à-dire on hausse sensible. Qu'à cela s’ajoute encore de nouvelles demandes de rajustement de salaires, et c'est le < cycle infernal > qui repart avec tou tes ses conséquences. Nous demandons humblement à chacun de faire son examen de conscience et d'y mettre un peu du sien. Au Gouvernement, de s'en tenir . ce qu'il a déjà pu réaliser de son programme actuel et de permettre qu’on le digère. Aux possédants, de comprendre un peu mieux la gravité «’.e la situation et de ne pas refuser plus longtemps une loyale collabo ration à l’œuvre sociale entreprise. Aux producteurs, de freiner un peu la course folle des prix, et au monde du travail de se modérer dans la course des salaires. En un mot, la « pause > pour tout le monde. Autrement, nous n'en sortirons pas !...

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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