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La Dépêche du Berry, 5 janvier 1939

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La Dépêche du Berry
5 janvier 1939


Extrait du journal

Parlementa i rem ont parlant, l’an nouveau n’a débuté que le deux Janvier, à la première heure, mais il n’a pas si mal débuté que cela puisque la France a eu son budget, et en équilibre. Mais l’alerte a été chaude. Il a fallu, finalement, que le Président du Conseil sc résolût à poser la question de confiance, pour ainsi dire à répétition, devant la Chambre, pour triompher des embûches et d’une sorte d’obstruction systématique. Ceci sc passait le premier Janvier au matin, après une nuit complè tement blanche, passée à tout autre chose qu’à fêter l’an neuf, au moins pour le Sénat qui siégea jusqu’à cinq heures du matin. Les conjurés de la Chambre, communistes et socialistes, groupés pour la circonstance, voulaient mettre le Gouvernement à mal, et ils s’y employèrent avec astuce et hargne. C’est ce que M. Paul Faure appelle, après réflexion, des < attaques franches et directes », et non point des < manœuvres ». Merci pour le distinguo. Ceci se passait également quelques heures avant le départ du Président du Conseil pour la Corse et la Tunisie. Au risque de com promettre irrémédiablement ce voyage — à la grande joie de l’axe Rome-Berlin — « pacifistes » et « bellicistes », fraternellement unis pour ce dessein homicide, rivalisèrent à qui mieux mieux en attaques et contre-attaques aussi fielleuses que démagogiques. 11 y eut du sport, au Palais-Bourbon, en ce jour béni ; mais le Président Daladier fit violemment front aux assaillants, tant sur le bordereau de coupons, qu’on voulait saboter sous prétexte de 1 obtenir tout de suite, que sur le Comité de lu « hache » — qui ne sera pas si meurtrier qu’on le prétend - et, en fin de compte, ce fut la déroute dans le camp des obstructionnistes. On peut croire qu’on aurait illuminé, à Rome, si le Chef du Gouver nement avait dû ajourner son voyage en Méditerranée. Et cependant, te sont ceux qui lui reprochent et Munich et son manque de fermeté vis-à-vis de l’axe fasciste qui menaient la danse. Comprenne qui pourra, mais ce fut ainsi. Tout cela, du reste, est déjà du passé. M. Daladier a pu partir, avec un retard de deux heures qu’il a dû rattraper en route, et les vibrantes acclamations qui l’ont accueilli en Corse et à Tunis lui ont certainement fait oublier cet avatar. Mais, tout naturellement, la conjuration ne s’avoue pas vaincue, et elle s’en promet déjà pour la rentrée prochaine. Débats sur la situation internationale, débats sur l’état de la Défense nationale, réforme élec torale en perspective. Tout cela est alléchant pour les trublions qui ne rêvent que plaies et bosses, et qui sc moquent pas mal de la restauration économique du pays. L’assainissement des finances publiques, le relève ment des rentes, la rentrée des capitaux et le relancement des affaires, tout cela passe à l’arrière-plan de leurs préoccupations, qui ne sont que d’un seul ordre : renverser le Gouvernement, dût la France en périr. Nous prions nos lecteurs et amis de croire, en ces jours oû nous voudrions pouvoir les assurer de prémisses plus heureuses, que nous n’exagérons rien. Il n'est cependant pas douteux que l’opposition néga tive — qui n’a su que démolir quand elle était au pouvoir — en sera peur ses frais. 11 y a quelque chose de fêlé chez les S. F .1. O., depuis Montrouge, et la « grande amitié » s’en va au fil de l’eau, tel le légen daire « chien crevé » d’Aristide Briand. Quant aux communistes, ils ont fort à faire à panser leurs blessures du 30 Novembre. Le Gouvernement n’a donc rien à craindre de ses adversaires d'extrême-gauche, s’il veut persévérer hardiment dans la voie qu’il s’est tracée, et il doit normalement durer jusqu'à l’élection du Président de la République, en mai prochain, surtout s'il a la sage précaution de faire voter la réforme électorale et de s’en servir comme soupape de sûreté. La crainte des électeurs est toujours le commencement de la sagesse. Le budget de 1939 est équilibré, la monnaie se tient, le Trésor est momentanément à l’aise, la tenue du marché des rentes satisfaisante, à telle enseigne que certaines opérations peuvent être d’ores et déjà envisagées. Si la reprise des affaires peut permettre de desserrer l'étreinte fiscale, si des économies substantielles peuvent être réalisées par le Comité de réorganisation administrative, si, enfin, des injections de crédit peuvent venir ranimer nos entreprises commerciales et indus trielles, alors, peut-être, la prospérité renaîtra-t-ellc, dans le < fier honneur et la paix », comme le marquait le Président Jeannency dans son allocution de clôture. Nous en formulons, nous aussi, le vœu sincère et ardent, pour tous nos concitoyens, pour notre petite patrie, pour la France et la République !...

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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