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La Dépêche du Berry, 5 octobre 1909

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La Dépêche du Berry
5 octobre 1909


Extrait du journal

Quels seront les établissements affectés à ce 2e cycle d'éducation, de dix ou onze ans, à quatorze ou quinze ? Nous ne pouvons en prévoir toute la variété, puisqu’ils devront être appropriés à des conditions en grande partie nouvelles. Dès à présent, nous y voyons rentrer, avec les modifications né cessaires, les écoles primaires supérieures, les cours complémentaires, les cours secon daires de jeunes filles, les collèges, les classes moyennes des lycées. A première vue, beaucoup sc récrieront peu-être à l'idée de prolonger les études de tous les enfants jusqu’à l'âge de quatorze ans. Nous ferons simplement remarquer que cet âge de quatorze ans est l'âge âdmis dès à présent par les législations, d’ailleurs si diverses, de tous nos voisins, à l'exception de l’Italie et de l’Espagne ; que dans tous les pays Scandinaves, dans tous les cantons suisses, dans toute l’Europe centrale jus qu'en Autriche et en Hongrie, on a jugé si nécessaire cette extension de la scolarité proprement dite, que la fréquentation de l’école est obligatoire sous des sanctions sévères jusqu’à cet âge de quatorze ans. Ce lui de treize ans ne se trouve que dans la loi française. Et quant à la réduction facul tative à onze ans moyennant l’obtention du certificat d’études, aucune législation ne contient une disposition qui, de près ou de loin, ressemble à celle-ci. Ici se termine, aux environs de l’âge de quatorze ans, l’éducation qu’on peut appeler générale et commune. Au delà commence çellc que nous appellerons professionnelle. Celle-ci, à la différence de tout ce qui l’a précédée, se diversifie profondément. Jusqu’à ce point tous les enfants ont été élevés ensemble, dans le même esprit et dans les mêmes conditions. La nation a réalisé pour eux l'utopie, si c’en est une, de l’égalité d’instruction, sinon de l’identité d’enseignement. Quelles différences ont pu s’établir entre ces millions de condisciples / Uniquement celles qu’il ne dépend pas de nous de sup primer ou de corriger. Certains esprits plus vifs, mieux doués, plus aptes au travail, auront franchi plus rapidement les étapes, auront mieux profité de chaque enseigne ment, auront prouvé des dispositions plus remarquables à telle ou telle partie des études. Jusqu'à ce point, il n’y a eu sur les bancs de l’école ni riches ni pauvres, ni fils de bourgeois ni enfants du peuple. L’école, primaire et secondaire, est restée, suivant le mot de Michelet, avant tout une école de fraternité. C’est une petite démocratie en miniature où la justice sociale a été non pas enseignée, mais vécue ; ces enfants ont pratiqué pendant le premier quart de leur vie un régime d’égalité fraternelle que plus tard ils s’efforceront peut-être d’appliquer graduellement à la société. Comment vont-ils sortir de ce monde en chanté, pour entrer dans le monde réel t En attendant que la démocratie intégrale s’établisse, nous nous bornons à une solu tion approximative, déjà extrêmement su périeure à l’état actuel de notre pays. C’est celle qu’ont en grande partie adoptée l’Alle magne, la Suisse, la Hollande, le Dane mark, etc. Après l’école obligatoire (jusqu’à quatorze ans) viennent deux ou trois années d'ap prentissage obligatoire, si l’on veut bien prendre le mot apprentissage dans le sens le plus large. Il faut entendre par là que la société soumet tous les jeunes gens de quinze à dix-huit ans à une double obliga tion qui, à vrai dire, constitue une double mesure de protection. D’une part ils doivent se mettre en me sure d’apprendre et de pouvoir exercer un métier régulier : il ne doit plus y avoir de jeunes gens sans profession, sans moyens d’existence, sans aptitude à un emploi avouable. Qu’il s’agisse de la campagne ou de la ville, de garçons de labour ou d’hom mes de peine, de servante ou de fille de ferme, chacun et chacune peut et doit avoir une valeur professionnelle, être capable d’un travail déterminé, avoir en quelque sorte son titre de vrai travailleur. D’autre part, en même temps que se fait cet apprentissage pratique, ils doivent sui vre des cours professionnels qui en seront en quelque sorte la contre-partie théorique, qui entretiendront les connaissances acqui ses à l’école en y ajoutant celles dont cha cun a le plus besoin pour comprendre son métier, pour l’exercer avec intelligence, pour y être autre chose qu’un manœuvre, pour pouvoir au besoin en sortir en s’appro priant vite, s’il le faut, à un autre travail similaire. Tel sera le sort du très grand nombre de ceux qui resteront les travailleurs manuels de l’agriculture, de l’industrie ou du com merce. Même pour ceux-là, il y aura eu amélioration indéniable, soit au point de vue économique, soit au point de vue civique et social. Ils ont reçu l’éducation générale complète, au degré primaire et au degré secondaire. Leurs aptitudes, leurs goûts, le milieu où ils ont grandi, les di verses circonstances qui ont influé sur leurs déterminations les ont inclinés vers le tra vail manuel. Mais ce n’est plus le travail de l’homme de peine qui ne peut que louer ses bias, c’est celui d’un ouvrier qualifié ayant sa forme et sa part de compétence technique, si modeste qu’en soit la sphère. Ainsi, même pour les moins favorisés de la nature, même pour ceux qui occuperont les rangs les plus humbles dans l’échelle des professions, la société aura l’ait tout son devoir : elle aura rempli jusqu'au bout l’olliee tutélaire qui lui appartient, conduit l’enfant par la main du berceau à l’école, de l’école à l’atelier. Et elle ne le laissera entrer dans la vie pratique, où il devra se suffire, qu’a près s’ètre assurée qu’il peut en effet se sullire, grâce aux instruments de travail qu’elle lui a mis en mains. A côté de ceux qui embrasseront immé diatement après l’école secondaire, un mé tier manuel, que deviendront ceux qui aspi reront à des emplois aujourd’hui plus re cherchés, soit dans les trois ordres de carrières agricoles, industrielles et commer ciales, soit dans les carrières administratives, soit dans ce qu’on appelle les professions libérales / Pour tous ceux-là s’ouvre tou jours par la voie des examens et des con cours l'accès à tous les établissements d’en seignement professionnel dont nous n’avons pas à faire l’énumération. Il y faudrait faire entrer tous les établissements où se préparent actuellement les jeunes gens de la boiMureoisie aux diverses fonctions qui leur som en fait résérvées, depuis les...

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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