Extrait du journal

La bataille des Flandres et son épilogue. }'héroïque résistance de Dunkerque, entreront dans l’histoire comme l’Y.scr. la Marne et Verdun, de légendaire mémoire. Tant de sacrifices ne l’auront pas été en vain, puisque la France respire encore. Les barbares l’avaient cependant bie.i visée au cœur et pensaient en avoir raison en moins de deux. Ils avaient escompté ta trahison de Léopold III pour accélérer leur opération maléfique, mais ils n’avaient pas compté avec la résistance indomptable des valeureux combattants franco-britanniques, sans oublier les corps belges restés fidèles au devoir et à l'honneur. Ils pensaient nous avoir dans les plaines de l’Artois et des Flandres, avant les monts, mais ce fut en vain : la surprise de Sedan avait fait son effet, et ce fut la rage au cœur que nos soldats défendirent le sol national, morceau par morceau. Apres les monts l’ennemi espéra la reddition des places fortifiées. Calais et Dunkerque, mais il se heurta, au contraire, à une résistance plus acharnée encore. En sorte que, à l’heure où nous écrivons, on peut dire que la presque totalité des troupes du Nord •— 335.000 hommes — refoulées à la mer par l’insigne trahison du roi Léopold, est hors des atteintes de l’ennemi. On ne saurait dire qui a été le plus magnifique r des troupes de terre, de l’air, ou de mer. car la « navy » fut à l’honneur. On s’imagine bien que ce ne fut pas un petit travail d'improviser en quelques jours le transport en Angleterre d’un tel rassemblement d’hommes et- de matériel de tout ordre. Et dire que les nazis croyaient n’avoir qu’à étendre la main sur tout cela. Pfuit... envolés les oiseaux. Mais on les retrouvera sur d’autres champs de bataille. Désarçonnés par cet échec, rendus furieux par les pertes immenses qu'ils ont subies pour un si maigre profit, les dirigeants du Reich ont voulu se venger en ordonnant le bombardement de Paris. C’est un nou veau crime, mais les nazis ne les comptent plus, encore qu’ils s'ingénient à les nier. Plus d'un millier de bombes, 906 victimes, en majorité civiles, dont 254 morts, évidemment le tableau aurait pu être plus copieux, mais on fait ce qu’on peut. Peut-être Goering espère-t-il faire mieux la pro chaine fois, mais ce lui sera bien difficile, car s’il ne manque pas encore rie matériel, il commence sérieusement à manquer de personnel instruit et expérimenté. Il n’est point besoin de dire que ce raid meurtrier et criminel n'a produit aucun effet sur le moral de Paris, mais que, par contre, il a rempli ce qui reste encore de monde civilisé d’indignation et d’horreur. Le fait que :.f. William Bullitt, le distingué représentant acs Etats-Unis d’Améri que, a failli se trouver au nombre des victimes — ainsi du reste que notre ministre de l’Air — ne sera pas sans voir s’accentuer très vivement le courroux qui règne outrc-Atlantiquc contre le régime naziste. D'heure en heure la fièvre grandit et si l’Italie commet la sombre folie de vouloir descendre dans l’arcne pour faire valoir des prétentions tellement orées qu’elles ne méritent que pitié, on peut dira que la coupe américaine sera bien près de déborder. Tout de même, il y a une limite à tout, surtout au gangterisme, et si audacieux que soient ceux qui ont résolu d’asservir le monde, ils finiront bien par trouver leurs maîtres. Inclinons-nous devant l’héroïsme tranquille et total de nos armées des Flandres aujourd’hui sauvées, comme devant le calme admirable et la crânerie des populations civiles soumises au plus criminel des bombardements, et ayons foi dans l’avenir. Il ne tient qv à nous qu’il nous appartienne....