Extrait du journal

Les communiqués sont sobres, les nouvelles rares, ce qui n'a pas lieu d? nous inquiéter outre mesure. Si on ne nous dit rien, c'est qu’il ne se passe rien. Cela donne à l’arrière un peu de répit pour s’organiser dans la guerre qui nous a été imposée par le « régime de violence » qu’il faut abattre à tout prix, comme nous en tombons d’accord avec nos amis anglais. Défions-nous surtout des nouvelles lancées par les ondes germani ques. Les émissions de langue française disent pis que pendre de la Grande-Bretagne. Par contre les émissions de langue anglaise la convient à une entente avec le Reich qui en a le plus vif désir. C’est de bonne guerre, mais ni nous ni nos alliés ne nous laisserons prendre à ce jeu. Nous nous souvenons encore de 1914-1918. Les grandes Démocraties et leurs empires coloniaux ont des ressources immenses comparativement à l’Allemagne pour laquelle le blocus par mer va se faire rigoureusement sentir. Nous n’en voulons pour preuve que les mesures draconiennes d’« économie de guerre > qui ont été décrétées dès l'ouverture des hostilités. Sans doute la déclaration de neutralité de la grande République amé ricaine a pu causer quelque surprise, mais il faut comprendre les difficultés qu’éprouve le Président Roosevelt et lui faire confiance. Là aussi la raison, ctayée par le sentiment, finira bien par reprendre ses droits ! On a vu aussi ce qui s’est passé au Parlement belge. Il faut savoir lire entre les lignes et comprendre le combat interne qui se livre au sein de cer taines consciences. L^ Japon et l’Espagne confirment leur neutralité, et d’Italie on n’a aucune nouvelle. Pendant ce temps, la Pologne, sur qui porte tout le poids du « Furor Teutonicus > résiste avec un héroïsme confiant et enthousiaste. L’abomina ble agression dont elle a été victime, et qui a suscité automatiquement l’in tervention de la Grande-Bretagne et de la Franco, provoque dans le monde entier un vif sentiment de commisération. Si. comme on le laisse entendre, le plan du Reichsführer est d’obtenir d’abord une décision à l’est, pour ensuite faire des « offres fallacieuses de paix » à la Grande-Bretagne et à la France, il en sera pour ses frais. Nous ne sommes pas entrés dans la guerre pour un nouveau Munich, mais pour exterminer à tout jamais l’hitlérisme, source de tous les maux présents de notre pauvre humanité !...