PRÉCÉDENT

La Dépêche du Berry, 13 mai 1937

SUIVANT

URL invalide

La Dépêche du Berry
13 mai 1937


Extrait du journal

Le court, mais combien instructif débat de politique générale, qui ü’est déroulé a la tin de la semaine dernière, à la Chambre, a, semblet-il. quoique peu calmé les esprits. Evidemment, ce débat ne nous a rien appris que nous ne sachions déjà, mais il est indéniable qu’il a produit une certaine détente et qu’on peut, à l’heure actuelle, discuter de certains problèmes assez angoissants avec davantage de sang-froid. Ainsi, la « pause > n’est plus discutée par personne : elle est admise et même préconisée par les plus exaltés, tellement on s’est rendu compte I qu’un renversement de la vapeur était indispensable pour éviter une catastrophe. On parle aujourd’hui encore du programme de grands travaux — et il est nécessaire — mais on ne parle plus de dix milliards d’emprunt forcé î De même, pour la retraite des vieux travailleurs, dont nul ne songe à contester le bien-fondé, on ne la relègue pas aux calendes, mais on la réalisera par étapes, selon les possibilités financières. Et ces possibilités ne sont pas grandes. 11 faut même que la situation de la Trésorerie soit vraiment critique pour que M. Léon Blum. au cours de son remarquable exposé de vendredi dernier, s’y soit arrêté et appesanti beaucoup plus qu'à l’accoutumée. — Messieurs, je le dis avec gravité — a déclaré M. Léon Blum — l'Etat français ne peut pas continuer à vivre, comme il vit depuis quel ques années, avec l’obligation do se procurer chaque année, en dehors du budget, des sommes presque égales à celles que fournissent les recettes budgetaires normales. Un ministre des Finances ne peut pas continuer à vivre, comme tous les ministres des Finances ont vécu depuis quelques années, en se demandant, de mois en mois, par quelle opération ou par quel expédient il sc procurera les deux milliards et demi ou les trois milliards, ou les quatre milliards nécessaires en sus des dépenses ordinaires du budget. > Et le Président du Conseil d’annoncer la nécessité de créer des ressources nouvelles, et l’obligation où il se trouve conduit, avant la clô ture de la session ordinaire, de proposer des rajustements, des mises à l’échelle des tarifs, de droits ou de taxes, et, notamment, de déposer le projet sur les pleins pouvoirs douaniers. Or, qui dit augmentation des tarifs douaniers, c’est-à-dire protectionnisme, dit forcément augmenta tion du coût de la vie, fût-ce même pour combattre le dumping douanier d’autres pays. Ces ressources nouvelles, ainsi que celles pouvant éventuellement résulter des plus-values croissantes d’impôts, « le Gouvernement compte s’en servir pour éteindre le déficit du budget, qui est à la charge du Trésor, et pour réintégrer dans le budget des dépenses qui n’auraient jamais dû être mises à la charge du Trésor. En sorte, a conclu le Prési dent du Conseil. < qu'il sera impossible d’affecter à la retraite des vieux travailleurs les trois milliards ou trois milliards et demi de recettes nou velles. pour lesquelles une affectation différente — celle du déficit — lui semble plus urgente ! » On ne peut s’empêcher de constater avec tristesse que ce sont, en somme, les plus déshérités, ceux qui ne peuvent malheureusement plus sp raccrocher à rien, qui seront les victimes expiatoires de certaines exa gérations qui ont eu libre cours par ailleurs. Si on avait agi avec plus de pondérât ion en ce qui concerne les jeunes, peut-être serait-il resté quelque chose pour les vieux ! Croit-on vraiment qu'il était indispen sable de tout faire à la fois pour les uns. alors qu'on s’avoue dans Vimpossibiliié de faire quoi que ce soit pour les autres ? Allons, les jeunes, les jeunes aux salaires élevés, aux congés payés, à la semaine de quarante heures, qu’attendez-vous pour vous offrir à travailler une demi-journec de plus par semaine, afin que les vieux ne soient pas égoïstement sacrifiés ! Voilà qui serait du socialisme vrai, du socialisme pur. Et surtout, n’allez pas dire que vous redoutez le chômage: les engagements du Gouvernement, à cet égard, sont formels, et le pro gramme de grands travaux qu’il a annoncé est l’objet, en ce moment, d’une sérieuse mise au point. Nous estimons, quant à nous, que ce geste d'altruitisme serait beau et qu’il honorerait grandement les jeunes générations, qui doivent tout no même à leurs aînés de vivre une vie meilleure que celle» que ces derniers on* connue. Mais l'altruisme est-il encore de notre époque ? N.-B. -- Par Ifi voix coinre 4 et fi abstentions, le Conseil Général a voté une mot ira de confiance au Gouvernement, niais avec un correctif, r jui demandant de tenir compte des conditions économiques et. de la situation financière du pays, en même temps que de la nécessité de faire respecter partout et par tous la légalité et les libertés républicaines. » On ne peut que féliciter l’Assemblée départementale d’avoir fait preuve à la fois d’un républicanisme de bon aloi et d'une sage pondé ration....

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • léon blum
  • rocafort
  • winston churchill
  • foi
  • etranger
  • lebrun
  • yvon delbos
  • albert lebrun
  • buckin
  • george vi
  • londres
  • madrid
  • paris
  • espagne
  • france
  • bilbao
  • berry
  • mo
  • angleterre
  • stockholm
  • parlement
  • la république
  • f. s
  • union postale
  • conseil général
  • l'assemblée
  • etat français
  • grand palais
  • ambassade de france
  • république française