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La Dépêche du Berry, 23 juillet 1939

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La Dépêche du Berry
23 juillet 1939


Extrait du journal

Le Président Roosevelt n"a pu avoir raison de la résistance du Sénat américain, concernant la < neutralité ». Il a beau eu faire valoir que c si le Sénat n'entamait aucune action, cette abstention affaiblirait l'influence puissante des dirigeants des Etats-Unis pour préserver la paix internationale en cas de nouvelle crise européenne ». rien n y a fait. Mais on laisse entendre que le Président pourrait convoquer une session spéciale du Congrès d’ici janvier prochain, si les événements prenaient mauvaise tournure. On est en droit de se demander s il n eut pas été préférable de juger la situation actuelle suffisamment inquié tante pour que l'Amérique se prononçât sans ambages sur ce grave problème, plutôt que d attendre une aggravation, que personne ne souhaite, pour prendre position ? Il n’est, du reste, que de considérer les incidents quotidiens qui se déroulent à la frontière polono-dantzikoisc pour se rendre compte qu il suffirait d'un rien pour que des complications regrettables s en suivent. Le sang-froid polonais est admirable, mais le système de provocations à jet continu met les nerfs les plus résistants à une rude épreuve. Personne n’ignore que le Reich est passé maître en ce genre, mais il y a des limites à tout. Un de nos confrères faisait observer, ces jours-ci, que. l’Italie lui repassant scs Allemands du Tvrol, rien ne s opposait à ce qu'on lui repassât les Allemands de Dantzig. Après tout, ce serait peut-être une solution ! Toujours rien concernant les accords anglo-franco-russes dont, aux dernières informations, il semblerait que la Grande-Bretagne aurait presque envisagé de les laisser tomber. Sans doute ce bruit n était-il pas sans fondement, puisqu’on nous laisse entendre — notamment dans L’Œuvre — que la France pousserait Londres à accepter les conditions soviétiques, plutôt que de courir à un échec qui pourrait provoquer des difficultés du côté de la Turquie. Il n’est pas niable que les tergiversations du Kremlin causent un grand malaise. Si, du fait do l’intransigeance soviétique, on aboutit à la rupture des pourparlers, les communistes porteront une lourde responsabilité devant l’opinion mondiale. Il ne suffit pas, comme le leur a dit M. Delmas au Congrès des Instituteurs, « d’avoir ramassé le clairon de Déroulède, il ne faut pas en sonner faux ! » On commence à laisser filtrer, par bribes, quelques informations ayant trait au récent voyage du comte Ciano en Espagne. Il serait à peu près certain que le général Franco aurait refusé de s'engager à fond en faveur de l'Axe, et il serait non moins établi qu'une lutte d’influence se produit déjà entre le Reich et l’Italie, qui veulent chacun avoir la prédominance au pays du Caudillo. C'est ainsi que, dans le même temps où le comte Ciano cherchait à tirer la couverture à lui, un émissaire allemand, qu’on nous dit être le Dr Wohltat offrait des accords économiques au nom de son pays. Hitler et Mussolini cherchent, de toute évidence, à coloniser l'Espagne à leur profit exclusif, mais la Péninsule ibérique voudra-t-elle se laisser faire ? Elle a, en ce moment, plus besoin d’espèces sonnantes et trébuchantes que de conseils à tout le moins peu désintéressés. On est toujours sans nouvelles positives sur l'information ouverte pour < menées étrangères », et les bruits les plus fantaisistes ou peutêtre fondés — on l’ignore — continuent de circuler. Le Gouvernement a peut-être scs raisons pour ne rien dire, mais il faut tenir compte de la mentalité de ce Français moyen, qui est prompt à s’émouvoir ou qui se laisse facilement induire en erreur. Sans déroger à la consigne du silence, puisque consigne il y a. peut-être pourrait-on nous faire l’aumône de quelques communiqués qui, de temps à autre, tiendraient l’opinion exactement au courant ? Prorogera-t-on. ne prorogera-t-on pas ? C’est la scie du jour, qui ne laisse pas de devenir singulièrement énervante. Nous avons déjà dit notre sentiment là-dessus, et nous n'hésitons pas à répéter qu’autant nous comprenons un ajournement de la consultation nationale si les événements le nécessitent, autant nous sommes opposés à l'institution du mandat de six ans par la voie des décrets-lois. C'est à la Chambre et au Sénat qu’il appartient de décider en cette matière, aussi bien que suv le mode de votation, et le Gouvernement aurait grand tort de ne point tenir comote des avis qui lui sont prodigués à cet effet comme de l’opinion publique. En tout cas. il semble véritablement extraordinaire de vouloir décider aujourd’hui que. à cause d’événements possibles mais qu’on ignore, les élections générales seront repoussées en 1942. On n'est pas plus certain, à l'heure actuelle, que les élections seront plus possibles en 1942 qu’en 1910. Par conséquent, qu'on se réserve donc de prendre une décision — suffisamment à temps — en fonction d’événements que nul ne saurait prévoir. Quant à instituer le mandat de six ans par voie de décret-loi, * on veudra bien reconnaître que ce n'est pas dans cette intention fSc que le Parlement a accordé les pleins pouvoirs ! USP...

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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