Extrait du journal

Les Chambres rentrent la semaine prochaine. Elles ne trouveront \ as grand changement à une situation qui était déjà passablement difficile avant les vacances île Vaques, et qui semble l'être davantage encore. Les conflits sociaux sont toujours aussi nombreux et aussi complexes : tantôt, c’est une question do rajustement des salaires ; tantôt, c'est l'application des quarante heures, ou on no sait quoi, ce qui sv produit assez fréquemment. Bien loin d’être terminée, l’Exposition voit son inauguration repoussée à une date indéterminée, et les incidents les plus fâcheux it les plus répréhensibles continuent à s’y dérouler. Que les ouvriers soient préoccupes de ce qu'ils vont devenir au lendemain de la ferme ture de ces chantiers, rien de plus légitime, et nous comprenons fort bien qu'ils rappellent, même sévèrement, nos dirigeants aux promesses r.u'ils leur ont si légèrement prodiguées concernant le fameux programme ocs grands travaux. Mais, de là à sc livrer journellement à l’incartade des drapeaux rouges et noirs, et même à des actes comme celui du pavillon de la Marine marchande, il y a tout de même de la marge ! Il est juste de dire, ce qui d'ailleurs n’v.it pas à la décharge nu Gouvernement, qu'il s’agit bien moins d'une question de programme t uc d'une question de financement. Où prendre les dix milliards néccs; aires à la mise en route du programme de grands travaux, ^lors que la dernière tranche de l'emprunt de la Défense Nationale n’est pas encore émise ? Les communistes, eux. ne sont pas embarrassés pour si peu : < mprunt forcé, avec prélèvement sur les grosses fortunes. Ouais, c'est plus facile à dire qu'à faire. M. Léon Jouhaux en tient, lui, pour la rationalisation des assurances, ou plutôt de la réassurance. Mais ce monopole est fortement ancré dans quelques grosses maisons de la Cité, à Londres, et il ne semble pas qu’il soit si aisé que va de l’atteindre. Et le Gouvernement est ainsi ballotté entre différentes solutions toutes aussi épineuses les unes que les autres. Et comme s'il n’avait pas assez de ce souci, il y ajoute la retraite des vieux travailleurs —• trois milliards par an ! — ou le fonds national de chômage, dont la réalisation proche ou lointaine lui échappe pour la même raison majeure : celle d’impécuniosité. C’est très joli de promettre, mais il faut tenir, et le Gouvernement apprend aujourd'hui à ses dépens ce qu'il en coûte de déchaîner les convoitises et les passions, quand on n’a pas le moyen de les satisfaire. S’il avait été plus prudent, s’il avait moins promis, peut-être ne serait-il pas oblige de freiner, et de passer pour tiède ou lâcheur aux yeux de certains. Car les critiques acerbes ne lui manquent point de la part des exaltés, et le fait que le Parti S. F. I. O. se voit dans l’obligation de retarder son Congrès national de la Pentecôte, pour ne pas avoir à rompre avec sa - gauche révolutionnaire », en dit long sur la gravite du malaise interne qui grandit dans le propre parti de M. Léon Blum. On voit, par ce court aperçu, que la rentrée du Parlement ne va I as s’opérer sous un climat très favorable, d'autant que la situation extérieure n'est pas non plus exempte de toute préoccupation. La visite du Ministre de la Défense Nationale, le président Edouard Daladier, en Grande-Bretagne, est, à cet égard, symptomatique, surtout quelle se produit à l’heure de nombreux conciliabules internationaux. Nous n’avons pas l’habitude de nous laisser aller au pessimisme, mais il y a tout de même des heures où il faut avoir le cœur chevillé au corps pour ne pas se prendre à douter de tout. Fort heurcu- çST—. sèment, le bon sens est indéniable, et il finit toujours par prendre ISS* le dessus. LSx...