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La Dépêche du Berry, 26 mai 1938

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La Dépêche du Berry
26 mai 1938


Extrait du journal

On aurait dit que tout s'était coalisé pour endolorir les cœurs, ce dernier dimanche. Temps maussade, brumeux et froid ; esprits troublés et inquiets dans l'angoissante incertitude de ce qui se passait la-bas, aux confins de l'Allemagne et de la Bohême. Allait-on connaître à nouveau les jours enfiévrés de fin juillet 1914 ? Brusquement, une éclaircie a surgi de la brume opaque et oppressante ; le soleil a lui, dissipant les nuées sinistres. Aussitôt, les esprits se sont détendus, les cœurs se sont dilatés. On a enfin respiré. C'est que. à la vérité, l'alerte avait été chaude. Sans doute, personne ne veut revoir la guerre, tout le monde en a une sainte horreur, mais elle continue à rôder autour de nous, insensible aux deuils et aux déses poirs qu'elle a déjà semés sur sa route. Arriverons-nous jamais à extirper ce cancer impitoyable qui ronge l’humanité ? Bravo à Ncville Chamberlain, dont l'action clairvoyante et vigouîeuse a su triompher de toutes les difficultés et de tous les périls qui menaçaient une fois de plus de troubler la paix. Car, il faut le recon naître. c’est à la ferme attitude de Londres, en plein accord avec Paris, d'ailleurs, qu'on peut encore tenir pour possible un accord entre les Sudètes et le Gouvernement de Prague. Oh ! certes, tout n'est pas fini, des incidents sont encore à redouter, mais, tout de même, il y a une détente et il semble bien qu'on soit entré dans la voie de la conciliation et de l'entente. En tout état de cause, on ne peut que se féliciter de ce que le cours des événements se soit ainsi déroulé et que rien d'irréparable ne se soit accompli. On ne manquera pas. sans doute, de faire un rapprochement entre ces événements et ceux de l’Anschluss ; d'aucuns, même, ne manqueront point d’en conclure que si on avait agi avec la môme fermeté, le 19 mars dernier, l'Autriche serait encore vivante ! Encore que les deux situations ne soient pas comparables, il n'est pas interdit de supposer que si les grandes démocraties occidentales avaient parlé un peu plus haut et clair, peut-être la brutale annexion de l'Au* riche par le Reich eût-elle pu être évitée. A ce compte, on pourrait également rappeler que. si on avait voulu, on aurait peut-être pu empêcher également la remilitarisation des pays rhénans, en mars 1936. I a forfanterie n'est, certes, pas toujours de mise, mais la veulerie et la passivité pas davantage. Mais, à quoi bon récriminer. Le mal est fait, maintenant. Ce qu’il faut, c'est empêcher qu'il ne s'étende, et c'est pourquoi il faut savoir gré à l'activité franco-anglaise d'avoir pu. dans le trouble actuel, réaliser ce prodige de faire prendre contact aux antagonistes afin de rechercher un îéglement honorable de tous les points litigieux. On aurait simplement aimé que le tandem Londres-Paris fût un peu mieux épaule par la Pologne, la Roumanie et la Yougoslavie, car leur avenir est certainement autant en jeu que celui de la Tchécoslovaquie ! Il conviendrait tout de même que le concert des forces amies et alliées — existe-t-il encore ? — se montrât un peu plus diligent, si on veut pouvoir régler pacifiquement les trop nombreux incidents qui se produisent à tout bout de champ dans les anciens territoires des Empires centraux. Il y va de la paix mondiale, si déjà fortement compromise, qu'on ne l'oublie pas. Le deuxième train des décrets-lois est parti. Nous voulions l'accueillir en gare, mais il y avait tellement de monde pour lui souhaiter la bienvenue que nous avons jugé prudent de rester à l'arrière. De la sorte, il nous a été impossible d'admirer les mille et mille choses dont il est pesamment chargé et dont on dit merveille. Il parait que certains wagons sont pleins à déborder de plus de dix milliards de francs, quelque peu dépréciés, pour les grands travaux, dont on nous rebat les oreilles depuis le fameux plan Marquet. Espérons qu'il en sera autrement qu'au temps jadis. Nos lecteurs nous excuseront de ne point les entretenir plus longue ment, aujourd’hui, de ce train miraculeux qui contient un peu de tout, même des espérances pour l'assouplissement des 40 heures ! Nous le répétons : nous n'avons pas eu le temps de le prospecter. Ce sera pour un prochain bulletin....

À propos

Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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