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La Dépêche du Berry, 28 février 1937

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La Dépêche du Berry
28 février 1937


Extrait du journal

A l'heure où les nécessités professionnelles nous obligent à jeter noir Mtr blanc quelques opinions sur la situation, nous n’avons pas encore le gsultat complet des débats qui se sont déroulés hier, à la Chambre, mais n’est pas besoin d’être grand clerc pour s’imaginer ce qu’ils furent. Une Chambuc ardente et passionnée, des orateurs diserts ou fougueux, selon leur tempérament, des explications de vote plus ou moins perti nentes sur lordre du jour, et finalement... la confiance renouvelée au Gouvernement. La situation en scra-t-ellc clarifiée pour cela ? Le malaise sera-t-il dissipe ? Nous ne le croyons pas. Le malaise, il est partout, aussi bien chez les communistes et socialistes, que chez les radicaux et républicains nationaux ; aussi bien chez les ouvriers et les classes moyennes, que dans les classes aisées et les couches les plus élevées de la bourgeoisie. Tout le monde s'accorde, du reste — même chez ceux qui croient, dur comme fer, qu’on est dans ia bonne voie, et qu'il faut continuer — pour reconnaître qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. H y a quelques jours, le Groupe parlementaire S. F. I. O. était réuni, pour entendre le Président du Conseil. Il parait que ce fut assez chaud, et que M. Spinasse n’était précisément pas à la noce, avec la question des prix. Jeudi matin, l’Union socialiste et républicaine, au retour d’une délé gation prés de M. Léon Blum, prenait une résolution, rappelant « l’initia tive qu'elle avait prise en juillet 193G, en suggérant au Comité central du Rassemblement populaire la réunion d’une conférence chargée d'examiner l'ensemble des problèmes alors posés, et qui n’avaient pu cire prévus dans le cadre du problème initial. Regrettant que sa proposition n'ait pas etc favorablement accueillie, elle considère que les circonstances appellent à nouveau, et impérieusement, un examen détaillé de la situation, et renouvelle instamment son invitation. Elle déclare en particulier qu’aucun programme nouveau 11e saurait être élaboré, môme par le Gouvernement, en dehors de la consultation normale et régulière de toutes les organi sations appartenant au Rassemblement populaire, par crainte de désaccord. > L'après-midi, c'était le tour du Groupe radical et radical-socialiste, et, là, MM. Lamoureux et Marchandeau ne furent pas tendres pour l'ex périence de M. Léon Blum, et quoique, en dépit des louables efforts de M. Jammy Schmidt, 011 ait un tantinet reconnu que l'expérience avait abouti à un échec, tant au point de vue économique que financier, et versé un pleur sur la situation des classes moyennes et paysannes, on n’en a pas moins chargé M. Campinchi de faire une déclaration favorable à la poütiquc générale du Cabinet. A l'heure où paraîtront ces lignes, le Gouvernement aura donc eu mi nouveau satisfecit de sa fidèle majorité. Et puis, après ? Encore une fois, nous posons la question : tout ira-t-il mieux ? Si salutaire et utile que soit une pause, quand on vient d'accomplir un sérieux effort, encore faut-il se tenir prêt pour repartir. Et vers quoi repartir, pour autant que les difficultés présentes auront pu être résolues ! Car il y a une question urgente entre toutes, à laquelle n’ont pas l'air de penser très sérieusement tous ceux qui ne jurent que par la N. E. P. de M. Léon Blum, c’est celle de la trésorerie. Avec quoi paiera-t-on, demain les dépenses de la Défense nationale et des grands travaux, sans parler de larmee des fonctionnaires et des ouvriers des Industries d'Etat, ou de celles qui viennent d'être nationalisées, si les appels au crédit demeurent infructueux ? II faut de l’argent, tout de suite, et beaucoup pour payer tout ce qui a été entrepris ou est en voie de réalisation ! Où le prendre ? M. Jacques Duclos, il est vrai, a bien élaboré une proposition d'aménagement de l’impôt général sur le revenu, mais outre que M. Vincent-Auriol n’a pas l’air de la priser beaucoup, on peut se demander quand est-ce qu’elle verra le jour. Et, nous y insistons, la question de la trésorerie n’est pas une question de mois, ni de semaines, c'est une question de jours, on pourrait même dire d'heures ! Alors, plutôt que de parler de nouveau programme a soumettre au congrès des Partis constituant le Rassemblement popu laire, au lieu de parler d’aller de l'avant, ne conviendrait-il pas de s’arrêter pour tout de bon, alors qu'il en est temps encore, et d’organiser le terrain conquis ? Est-ce être rétrograde que de se refuser à avancer à l'aveuglette, sans souci des périls qui nous menacent ? Le progrès ne nous effraie point, s'il est accompli dans la certitude et la constance, mais s’il n’est qu’un à-coup, nous avons le droit (le redouter qu'il soit sans lendemain, et mieux vaudrait, pour la Démocratie, conserver ce qu’elle vient de conquérir, que de risquer de tout perdre en voulant augmenter son gain ! P.-S. — Comme le laisse prévoir votre collaborateur, la Chambre, par 261 voix contre 209, a vote l’ordre du jour de confiance au Gouver nement. LES HOSTILITÉS EN ESPAGNE...

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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