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La Dépêche du Berry, 29 avril 1937

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La Dépêche du Berry
29 avril 1937


Extrait du journal

M. Jules Moch, secrétaire général de la Présidence du Conseil, est . rrivé en tête du scrutin, à Scte, et sera élu député dimanche. Que ce succès ait provoqué une sorte de griserie chez les S. F. I. O., on le conçoit, mais que le Gouvernement s'en grise à son tour et prenne cette élection l>our une sorte d’approbation enthousiaste de sa politique, c'est, une autre question. D'après les personnalités politiques qui ont suivi de près cette « lcction, il ne fait pas l’ombre d'un doute que M. Jules Moch a vérita blement fait figure de candidat officiel et que la pression la plus extra ordinaire s'est exercée en sa faveur : déplacements et lettres d’Excellences, promesses de subventions, de grands travaux, etc., il paraît que tout a été mis en œuvre pour le faire avancer. Et malgré cela, M. Jules Moch a eu moins de voix, au premier tour, que n’en avait obtenu, en 1936, son prédécesseur S. F. I. O. M. Sallette, et il ne s'en est fallu que vie quelques dizaines de voix qu'il ne fût dépassé par son concurrent de l'Union Socialiste et Républicaine. On dit que M. Léon Blum désirait vivement le succès de son colla borateur Jules Moch, lequel finissait par tenir beaucoup de place à la présidence du Conseil, et on comprend mieux ainsi qu'on ait usé de tous les moyens pour assurer son succès, encore que le Parti socialiste ne les eût certainement point admis en d'autres temps. Mais, encore une fois, que le Gouvernement ne s'v trompe point, et qu'il ne prenne pas ce scrutin pour un plébiscite. Au surplus, qu’il examine attentivement les résultats de l'élection sénatoriale du Finis tère. et il se rendra compte qu'il y a quelque chose de changé depuis les élections générales de l’an dernier. Depuis des mois et des mois, nous nous évertuons, ici. à crier casse-cou au Gouvernement de Rassemblement populaire, et c’est sans vanité aucune, mais bien plutôt avec un sentiment de tristesse que nous constatons que tout ce que nous avions prévu se réalise. La machine est détraquée, il y a crise d'autorité, avons-nous maintes fois constaté. Les événements, hélas ! nous donnent par trop raison. Gouvernants et dirigeants, aussi bien des partis politiques quo des organismes syndi calistes, sont débordés et ne peuvent plus arriver à endiguer le flot tumultueux de leurs troupes. Ce qui se passe pour l'Exposition — dont on nous annonce enfin l’ouverture, douteuse, pour le 25 Mai — en est l'illustration la plus éclatante. Et l’occupation, et. la mise en route, contre vents et marées, de l’usine d’aviation nationalisée Latécoère, à Toulouse, n’est-ce point non plus un symptôme ? Oui. mais à ce petit jeu, on provoque inévita blement des chocs en retour. Voici que la boulangerie de Seine-et-Marnc s'essaie, elle aussi, au mécanisme de la grève aussi injustifiée qu’into lérable. Et les détaillants de Paris, exaspérés par l'irritante question des « cinq huit », s’assemblent, à vingt-cinq mille, au Vél* d’Hiv’, pour signifier aux Pouvoirs publics qu’ils ne veulent plus être des « asservis sans noblesse et sans honneur ! » Il y a donc bien quelque chose de changé, çt il n'y a, pour s’en convaincre, qu’à -scruter les faits. Les radicaux du Havre — encore que ce soit vraisemblablement à l’instigation de M. Léon Meyer, qui est un peu en marge du parti radical — rompent avec le Rassemblement populaire. UEre Nouvelle de lundi écrit : « Notre patience est à bout. Nous sommes las de l’agitation, las des exagérations, las du désordre, las d’une politique qui risque de ruiner les finances, le budget, l’écono mie de la France. Nous ne pouvons plus continuer. > Nous entendons bien que certains Jacobins ne manqueront pas de nous objecter que UEre Nouvelle, tout comme les radicaux du Havre, n’est pas très orthodoxe. Alors, nous ouvrirons L'Œuvre, qui, elle, a toujours été dans la ligne du Front populaire, et nous lirons ce titre significatif, sous la plume de son directeur, M. Jean Piot : « Le Cabinet Leon Blum devant ses responsabilités. La Chambre et le Pays aussi. * Les responsabilités du Gouvernement, elles sont lourdes. Elles consistent à avoir trop tardé à freiner, à s’être laissé déborder sur tous les terrains, en un mot à avoir manqué de volonté et de décision. Et voilà comment il en est arrivé à être le jouet des pressions extérieures, dont le Parti S. F. I. O. et la C. G. T. eux-mêmes sont victimes, pressions qui menacent de tout emporter si un vigoureux effort de redressement n’est pas tenté. Cet effort de redressement, nul autre que le Parti radical et radicalsocialiste n’est mieux placé pour le tenter, puisque les S. F. I. O. sont en train de se laisser envoûter par les communistes qui poursuivent, politiquement, les mêmes desseins de main-mise qu’ils ont réussi sur le terrain syndical. Si donc le Parti radical est assez clairvoyant et résolu pour donner ce vigoureux coup de barre, il peut être sûr cVavoir toute la démocratie derrière lui, et il lui sera beaucoup pardonné pour toutes ses fautes passées....

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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