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La Dépêche du Berry, 29 juillet 1937

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La Dépêche du Berry
29 juillet 1937


Extrait du journal

C’est maintenant chose réglée : chaque dimanche nous amène un flot de discours. « Que d’eau, que d’eau ! », disait jadis un maréchal célèbre. Nous serions presque tenté de dire : que de discours ! Donc, dimanche dernier, pour ne pas en perdre l’habitude, M. Marx Dormoy. ministre de l’Intérieur, sévissait au pays noir, tandis que son Président du Conseil. M. Camille Chautemps, parlait dans le Vendômois. Nous les connaissons bien l’un et l’autre, puisqu’ils sont tous deux nos voisins, et nous avons une égale sympathie pour chacun. Mais, tonnerre de chien, ils ne feraient pas mal d’accorder leurs violons ! Jaloux, sans doute, des lauriers de son collègue Lebas, M. Dormoy est, à son tour, parti en guerre contre le Sénat, mais en d’autres termes. Ce sacré Sénat, faut-il tout de même qu’il ait la vie dure pour résister à tant d’assauts passionnés ! Donc, M. Dormoy demande une réforme de la Constitution, « pour permettre a la démocratie de se diriger elle-même. » Nous ignorions, dans notre candeur naïve, que cette dernière fut, tout à coup, devenue aveugle et cul-de-jatte, et qu elle eut besoin d’un tuteur, tout, comme un grand invalide de guerre. 11 est vrai que M. Dormoy se défend de nulle attaque contre les ,«ersonnes et de tout irrespect pour aucune institution. Cela part d un bon naturel, mais il entend tout de même que le dernier mot reste a h» Chambre du suffrage universel, et, sans vouloir le blesser, bien au contraire.* il demande la réforme du Sénat qui, d après lui, est une création d inspiration conservatrice. Certes il admet bien que la Constitution prévoie un organisme pondérateur, mais seulement < pour les peuples qui commencent l’apprentissage de la liberté, afin de les protéger contre les excès de leur jeune enthousiasme ou les erreurs de leur inexpérience. » Et comme le peuple français a terminé depuis longtemps cette expérience - - du moins il le laisse entendre -- il demande gentiment au Sénat de consentir à se laisser mettre une muselière, non point certes par un coup de force, mais par un petit bonhomme d’appel à la sagesse et à la raison. Autrement dit. il demande au Sénat de vouloir bien se suicider par persuasion. On n’est pas plus charmant ! Mais M. Camille Chautemps l’entend-il de cette oreille, lui qui, },laçant >a rie de lu Nation au-dessus de celle des partis, déclare que < sa tâche n’est pas facilitée par les manifestations politiques des partis, habilement exploitées par des polémiques tendancieuses » ? 11 a rappelé, notamment, dans son dernier discours, que, « lorsqu’il a pris lr pouvoir, il a clairement défini son programme dans un document approuve par la majorité des deux Assemblées constitutionnelles, et que c’était la charte du Gouvernement qui guide l’action solidaire des ministres qui y ont engagé leur responsabilité . » Et ce document déclarait excellemment « que la situation financière commandait plus que jamais la pause. » et que le premier devoir du Gouvernement c était d’établir l’equilibre budgétaire et de comprimer h s dépenses de trésorerie » : qu’il ne < renonçait nullement aux i. formes sociales, mais qu’il était contraint de différer celles d’entre elles qui seraient trop onéreuses pour le budget, et qu’il entendait réaliser et appliquer les autres dans une atmosphère de paix et de travail. » Nous ne voyons pas qu’il soit question, dans les déclarations du chef du Gouvernement, de « réforme de la Constitution » chère à \[ Dormov dix:t, et encore moins d’émasculation des droits souverains • !u Sénat/égaux à ceux de la Chambre populaire, jusqu’à ce qu’une Assemblée nationale, ou un coup de force, en ait décidé autrement. Alors, pourquoi donc vouloir s’obstiner à lui contester son droit de , intrôle. dont il n’a usé d’ailleurs qu’avec pondération et fermeté, et i n a bien le droit d*' dire, en passant, que ce fut tant mieux pour Je r:tys ? Ce droit de contrôle, il n’y a pus, du reste, que le Sénat qui revendique, à juste titre, la possibilité de l’exercer librement. Voici l’Union socialiste et républicaine qui, dans son congrès de F.manche, a pris un ordre du jour * proclamant sa fidélité au Rassem blement populaire, mais affirmant le maintien pour VU. S. R., comme r,rmr. |rs autres partis, d’un droit légitime rie libre examen, en face des decisions parlementaires et gouvernementales. » C’est le droit sacré de toutes les démocraties, même de celles eei. depuis longtemps, ont terminé leur apprentissage de la la liberté, quoiqu e!) pense M. Dormoy....

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Fondée en 1893, La Dépêche du Berry était un journal régional suivant une ligne éditoriale de centre-gauche, ou « radicale ». Il paraît jusqu'en 1944.

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