Extrait du journal

Vous comprenez combien particulier est pour nous l'intérêt de déterminer, d'identifier le personnage. Car, si les autres puissances n'ont à s'occuper que du salut de leurs rares colonies sur le littoral marocain, la France doit veiller à la sécurité de sa longue frontière entre Tlemcen et Igli, à la paix de son Algérie, qui compte plus de quatre millions de musulmans. Comment, avec une pareille accumulation d'éléments inflammables ne point s'inquiéter de la gerbe d'étincelles qui flamboient tout près, à notre porte ? Sans doute l'insurrection dei BouHamara vise surtout les Anglais ; mais est-il certain que, dans l'enivrement de la poudre, le fanatisme n'englobera pas tous les Européens, les Allemands, les Espagnols, les Français tout comme les Anglais ? Anglais et Allemands, vu leur petit nombre, sont déjà à l'abri dans Tanger. Les Espagnols ont le refuge de leurs presides à Melilla, à Coûta. Mais nous ? Il ne nous suffit pas de sauver nos nationaux au Maroc même ; cette tâche nous est aussi facile qu'aux autres puissances et ne nécessite pas plus de notre part que de la leur une occupation. C'est dans l'Algérie que se trouve pour nous le point délicat et grave, le péril possible....