Extrait du journal

Dans les deux cas, le militarisme 4et le nationalisme outrancier qui se 'sont manifestés dans les deux pays visaient à unifier et à galvaniser là nation. Il s'agissait de faire apparaître le parti comme incarnant la collectivité et d'agiter le spectre de la menace étrangère pour' donner aux titulaires du pouvoir l'auréole de la protection et du sauvetage national. On dira peut-être que ia tactique est la même en Allemagne hitlérienne. Ce n'est qu'une apparence. Ce qui est très différent, c'est l'âme des peuples. Le Russe nous a prouvé pendant la guerre qu'il était loin d'être belliqueux ; la désertion du paysan a été la cause initiale de l'effondrement du tsarisme. L'Italien n'est pas non plus belliqueux j Il est trop individualiste et soucieux de sa liberté ; pour tout dire, c'est un trop'vieux peuple; il se soucie j surtout de vivre en paix et, lorsqu'il s'insurge, c'est contre l'oppression étrangère. Russes et Italiens feront d'admirables ' guerres défensives, mais ce sont foncièrement des nations pacifiques. Il n'en est malheureusement pas de même des Allemands, qui sont à la fois impérialistes et caporalisés. Tandis que les gouvernements fasciste et soviétique hésiteraient à mettre des fusils entre les mains de leurs mobilisables, et plus encore à les transformer en mobilisés, le hobereau prussien sait qu'il peut réarmer et mobiliser, et que le peuple suivra dans la mystique des chansons patriotiques et des musiques militaires. L'Allemand n'a pas encore son self-contrôle. Ce n'est pas encore un peuple de citoyens....