Extrait du journal

La puissance américaine dans le ponde, du moins dans certaines gones géographiques essentielles, est un fait, devant lequel l'Angleterre s'incline. Peut-être ne le ferait-elle pas devant un autre pays qui ne serait ni d'origine ni de civilisation anglo-saxonne ; en l'espèce, elle a le sentiment qu'il ne s'agit pas tout à fait d'un étranger. Or, de cette parenté même, haït justement un nouveau péril : c'est que les Dominions la ressentent eux aussi, et avec d'autant plus de force qu'ils sont extra-européens. Leur loyalisme britannique, assurément, n'est pas en cause, et même au fond ils n'aiment pas. les EtatsUnis; mais, devant une question internationale quelconque, la réaction spontanée du Canada, par exemple, sera neuf fois sur dix la jnême que celle de sa grande voisine. L'Australie elle-même, quoique britannique jusqu'à la moelle, se rencontrera vraisemblablement avec l'Amérique du Nord toutes les fois qu'il s'agira du problème ethnique et de la défense, à ses yeux primordiale, de la race blanche contre les jaunes. Si le gouvernement de Londres n'était à cet égard extraordinairement averti et prudent, il serait toujours à craindre que Dominions et Américains ne se trouvent spontanément d'accord dans leur opposition à tel point de vue britannique jugé de loin trop strictement anglais, c'est-à-dire encore trop européen....