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La France au travail, 9 avril 1941

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La France au travail
9 avril 1941


Extrait du journal

— Eh bien ! mon bon monsieur, l'opération a réussi. C’est dans le sac, nous dit-elle, en découvrant, d’un sourire aguicheur, un peu de sa denture horrifiant et aurifiée. J'ai pu mettre le grappin sur cette petite. Ça n'a pas été facile, je vous jure ! Elles commencent toujours par faire des chichis. Mais je sais le moyen de les convaincre. Il faut savoir parfois se montrer généreuse. Honni soit qui mal y dépense ! Moi, je dépense à bon escient. Les femmes, on les tient par les dettes. Et puis, pour décider cette jeunesse — elle s’appelle, de son nom de guerre, Yougoslavie — je lui ai envoyé mon coquin, le bel Anthony. Quel enjôleur ! En une semaine, l’enfant était retournée. La grande folie... Elle a perdu la tête. Maintenant, elle travaillera pour moi, comme les autres. Je l'aurai à l’œil. Au besoin, on lui citera en exemple la négresse. La négresse, voilà une bonne gagneuse. Vous ne me croirez pas, monsieur, mais j’ai eu beaucoup de tracas avec mes pensionnaires. Plusieurs m’ont déjà quittée. A Genève, dans un établissement de premier ordre, j’en avais, un moment, une cinquantaine à mon service. Quel défilé ! Quand je criais : « Toutes ces dames au salon ! », on se serait cru dans une assemblée générale. Et ça se trémoussait, et ça bavardait ! C’était la belle époque. J’en ai ramassé, des sous ! Mes colombes faisaient des « pigeons ». Je recevais la plus riche clientèle : des diplomates, des ministres, des hommes diktat, des financiers. Bazil Zaharof, le Négus, l’Aga-Khan, et des tas de vieux polissons qui ne voulaient pas désarmer. Les pourboires, il en pleuvait. Un luxe inouï : on avait remplacé les serviettes par des nappes, des nappes de pétrole. Et chaque fois qu’on m’annonçait : « Un monsieur monte ! », on se demandait jusqu’où il monterait, s'il s'arrêterait devant la chambre des illusions ou au suprême degré des honneurs......
La France au travail (1940-1941)

À propos

La France au travail est un quotidien illustré collaborationniste, fondé en 1940 par Georges Oltramare (sous le pseudonyme Charles Dieudonné) et Jean Drault. Henri Coston en a été le secrétaire de rédaction. Son contenu est marqué d’un antisémitisme virulent. En novembre 1941, lorsque Pierre Laval décide de le restructurer pour évincer les éléments plus critiques de Vichy, le journal devient La France socialiste où d’anciens socialistes tombés dans la collaboration joindront l’équipe éditoriale.

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