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La France chrétienne, 2 décembre 1827

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La France chrétienne
2 décembre 1827


Extrait du journal

PARIS. LÀ CENSURE NE SERA PAS RETABLIE. Les élections dont vient de s’honorer la majorité de nos collèges électoraux seront fécondes en heureux résultats pour la France : à peiqe elles sont connues et nous leur devons déjàun immense bienfait; leministère recule devant un acte arbitraire, une violation de la loi, qu’il avait déjà laissé soupçonner, et dont ses antécédens ne nous mena çaient que trop bien. La censure ne sera point rétablie; les organes du ministère l’ont annoncé assez positivement pour que nous puissions y croire, et ce qui nous le persuade mieux encore, c’est que la censure ferait plus de mal aux ministres qu’à nous-mêmes. Certes, il est hors de doute que la manière ignoble dont elle a été exercée n’a pas peu contribué à irriter les électeurs, à les convaincre qu’il n’y au rait jamais à espérer un gouvernement légal sous de pareils ministres; aujourd’hui la censure ne ferait qu’aliéner au mi nistère une partie de la minorité qui lui reste. Car, excepté un très-petit nombre d’hommes qui ont intérêt à cacher leur vie passée et les mauvaises actions qu’ils méditent'encore, personne ne veut plus de cette honteuse servitude. La cen sure est donc à jamais jugée : c’est pour l’administration qui l’emploie plus qu’une iniquité peut-être, c’est une bê tise ; elle la fait mépriser plus encore qu’elle ne la fait haïr; car elle atteste son impuissance et son incapacité autant que sa mauvaise foi. Et, grâce au ministère actuel, nous savons aujourd’hui mieux que jamais combien c’est un pitoyable moyen de gouverner que d’étouifer la plainte au lieu de lui faire justice, d’imposer silence à la raison quand sa voix nous importune, de soumettre l’opinion et les sentimens d’un grand peuple ( car ce sont eux que la presse périodique s’attache surtout à exprimer), de les soumettre, disonsnous, à l’opinion et aux sentimens de sept ou huit écrivains du dernier ordre. S’il est vrai, comme disent les ministres, que l’opinion est faite par les journaux, ce sont donc un M. Levacher-Duplessis, un M. Joseph Pain, et je ne sais qui encore, qui ont fait pendant cinq mois l’opinion de la France. Quelle pitié ! Ces ministres n’ont-ils pas usé d’ailleurs toutes Les res sources de l’arbitraire : certes, il eût été curieux de voir cette fois comment ils auraient organisé leur saint-office d’espions. Nous avons vu, il y a cinq mois, tout ce qui avait une réputation à conserver, rejeter avec indignation la flétrissure de ces misérables fonctions; de nobles jeunes gens ont frémi d’en souiller leurs premiers pas dans la car rière littéraire, comme Cuvier a craint d’en voir avilir les derniers honneurs réservés à la sienne, de sorte que la cen sure a été flétrie par le refus des uns aussi bien que par l’acceptation des autres....

À propos

D’abord bihebdomadaire, puis hebdomadaire, La France chrétienne était un journal catholique connu pour sa réticence vis-à-vis du libéralisme. Ses rédacteurs y soutenaient les moines jésuites et s’opposaient de manière plus ou moins féroces aux idées révolutionnaires. Lancé en 1821, le journal n’aura qu’une durée de vie limitée ; il s’éteint en 1828.

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Données de classification
  • joseph pain
  • levacher-duplessis
  • france
  • navarin
  • comité de surveillance