Extrait du journal

Dans celte affaire de l’intrusion tic la maison Krupp dans les usines Poutiloff, c’est moins l’injure gratuite qui eût été faite à notre industrie privée que la crainte de la violation des secrets de fabrication de notre matériel d’artillerie qui a soulevé tant d’émotion. Certes, cette émotion était justifiée. Mais puisque l’occasion s’en pré sente, nous devons dire un mot de la du perie à laquelle nous exposent les relations de nos administrations publiques avec les constructeurs étrangers. C’est fréquemment que nous voyons leurs agents ou ceux des sociétés françaises ser vant de masques à des intérêts étrangers pénétrer en qualité de fournisseurs dans nos arsenaux, dans nos ports, dans nos ministères militaires et être ainsi mis à même de consulter nos plans, de suivre même nos travaux. N’est-il pas tout à fait extraordinaire de voir ces étrangers être en situation de connaître, non pas un ma tériel comme celui de Poutiloff, qui est en tre les mains de milliers de personnes, mais bien toutes les conceptions, toutes les idées modernes que peuvent avoir nos officiers, nos industriels, même avant leur applica tion et avant qu’elles ne soient rendues publiques ? Il y a un danger national à voir des étrangers, qui ont des intérêts en France, nous le reconnaissons, mais qui en ont de bien plus considérables dans leurs pays d’origine, être en situation de pénétrer cer tains secrets qui, eux, intéressent vraiment la défense nationale. Il y a d’ailleurs, à favoriser ainsi des étrangers, cet autre danger, qui n’est pas...