Extrait du journal

Un jour Mirabeau, à l’apogée de sa gloire et de son influence, mais fume déjà remplie des plus tristes pressenti ments en présence des bouillonnements du flot révolutionnaire, adressa aux ra dicaux de l'Assemblée constituante cette célèbre apostrophe : Silence aux trente voix ! Les trente voix se turent. Mais la pa role qui leur imposait silence ne tarda pas, malheureusement, à s’éteindre; et ce groupe d’irréconciliables, minorité in signifiante alors, se répandit dans le pays avec toutes les passions mauvaises auxquelles il faisait appel. Le résultat de ce débordement fut de dénaturer la ré volution française et de condamner nos pères à passer, pendant de longues an nées, par tous les sanglants excès de l’a narchie et de la dictature. Aujourd’hui ce n’est pas Mirabeau,mais c’est une voix plus puissante encore et bien plus digne d’être respectée, c’est la voix du pays tout entier qui, s’adressant aux partis, leur crie : Trêve à la politi que! Silence aux questions qui divisent, aux passions qui égarent, aux agitations qui épuisent! Silence aux ambitions mal saines qui voudraient se faire un piédes tal des malheurs de la patrie! Silence à tout ce qui pourrait empêcher l’attention publique de se porter exclusivement, uni quement, sur les moyens de cicatriser nos blessures, de réparer nos désastres, de retrouver nos forces au dedans pour recouvrer notre dignité au dehors. M. Thiers s’est inspiré de ce sentiment unanime, lorsque, dans son premier Mes sage, il dit : « Je remercie toutes les » parties de l’Assemblée d’avoir oublié » les dissentiments qui peuvent, sur quel » ques points, les diviser, pour cominu-...