Extrait du journal

Il n'y a pas un Parisien qui ne connaisse et n'admire le coup d'œii unique, merveilleux, qu'offrent la Seine et les quais, du Pont-Neuf au Pont des Arts. Que l'heure soit grise ou dorée,que l'eau reflète un ciel d'hiver ou de printemps, que des rayons s'accrochent au faite des monuments, ou qu'au contraire des brumes voilent les lointains, c'est un des points les plus pittoresques de Paris, un spectacle dont on ne se lasse pas, Si, appuyé sur le parapet du Pont des Arts, vous regardez vers Notre-Dame, c'est, à votre gauche, le Louvre ; à votre droite, les arbres du quai Conti ; en face, c'est je square charmant qui s'avance dans la Seine commts la proue d'un bateau; c'est l'écluse, avec son blanc jaillissement d'écume ; le pont aux vieilles arches de pierre, et la statue légendaire du roi Henri; c'est, plus loin, le Patais de Juslice, avec la fine aiguille de la SainteChapelle. et plus loin encore, NotreDame et ses tours. l'île de la Cité, enfin, c'est-à-dire le cœur séculaire et toujours palpitant de Paris, la net symbolique, le vieux berceau porté à travers les àges par l'eau remuante et bruissante. Non,certes, il n'y a pas un Parisien qui l'ignore, cette admirable perspective; pas un qui, même pressé, préoccupé, n ait donné, en passant, un regard à ce tableau éternel et toujours splendide, qui n'en ait, m' me confusément, senti la poésie, surtout à certaines heures matinales ou crépusculaires, où, sur un ciel doux et nuaucé, se profilent si délicatement les moindres contours....