Extrait du journal

L’année 1926 commence dans l’anxiété. Le tourbillon des fêtes qui s’achèvent ne peut faire oublier le danger. Chacun se sent personnelle ment menacé et la confiance dans l’avenir du pays est ébranlée. Les bons citoyens s’efforcent en vain de trou ver des remèdes à la crise. Ils ne voient dans les hommes au pouvoir ni force de redressement ni volonté ferme de réagir. C’est le sauve-qui-peut des égoïsmes ; c’est la fuite des capitaux à l’étranger ; c’est la spéculation éhontée qui édifie sa fortune sur les ruines du voisin. C’est le cataclysme, trop actuel, hélas ! à l’heure présente, de l’inondation, qui nous servira d’image. Comme l’eau qui s’infiltre et déborde partout, comme l’eau contre laquelle on n’a pris que des moyens de fortune, contre laquelle on palabre après qu’elle s’est retirée, mais qu’on n’arrête ni par des discours ni par des décrets, ni même par des lois, contre laquelle on combat toujours trop tard, quand déjà elle a causé d’irréparables dégâts, ainsi l’inflation s’est peu à peu infiltrée dans toute notre vie nationale ; après avoir désorganisé la vie familial e, elle a monté irrésistiblement, semant des ruines définitives. Sans doute on a fait semblant de lutter contre elle, mais par des moyens empiriques. On n’a lien prévu : devant la hausse, on est resté inter( i?, stupéfait ; on a présenté quelques remèdes (/une faiblesse extraordinaire. Qu’est-ce que quel ques planches de bois blanc, quelques sacs de terre* pour endiguer un torrent ? Si du moins on pouvait dire ce qu’on dit de nos rivières ? Elles ont causé bien des dégâts, elles charrient bien des épaves, mais enfin elles sont étales et avec le beau temps elles vont baisser. Le ciel politique est loin d’être au calme et l’inflation loin d’être endiguée. Sous le règne du Cartel, l’augmentation de la circulation fiduciaire a toujours été constante. Sous Herriot, quatre milliards ; sous Caillaux, six milliards. Le Ministère Briand a semblé vouloir faire machine en arrière et annoncé une nouvelle poiitique financière ; cependant, son premier Ministre des Finances, Loucheur, a procédé à une nouvelle augmentation, acceptée par ses collègues, de sept milliards et demi ; donc, DIX-SEPT MILL1 XRDS ET DEMI d’augmentation des billets de banque. En mai 1924, les avances de la Banque de Fran ce à l’Etat se montaient à trente-deux milliards ; en décembre 1925, eUes atteignaient quaranteneuf milliards et demi ; donc, DIX-SEPT MIL LIARDS ET DEMI également d’avances nou velles. Le Cartel a accusé le Bloc National d’avoir fai't d- s emprunts ; mais ces emprunts ont loujourg été couverts par la nation. Tandis que le Carte a détruit la confiance nationale et n’a vécu* nue de la presse à billets. Le Cartel a avili le franc de cinquante pour cent et par suite augmenté la cherté de la vie. Faites un tour sur les marchés ou dans les ma gasins, et vous verrez quelle cascade ont fait les jrix de toutes choses. Baisse de notre franc, impôts nouveaux votés ou nn projet, augmentation des frais de transport, tout concorde pour que les prix atteignent des hauteurs fantastiques. Vraiment, le Cartel est la ruine de la France. Naturellement, quand les finances sont mala des, tout l’organisme national subit un malaise proportionné. Et voici que pour combler ce ma laise et le rendre mortel, la menace de l’impôt et r le capital surgit à nouveau. La classe moyenne, cdlc qui, jusqu’à présent, a fait la force delà Fran ce, va être frappée par cet impôt inique dans son essence même. C’est la fin de tout, car ce n’est plus le revenu qui est visé, mais lo capital, c’est-à-dire la maison, le champ, ce qui était l’objet et la raison de l’épargne. L’Etat ne fait pas d’économies et ne veut pas es sayer d’en faire. C’est la cause de sa ruine prompte...