PRÉCÉDENT

La Gazette de Château-Gontier, 4 juillet 1880

SUIVANT

URL invalide

La Gazette de Château-Gontier
4 juillet 1880


Extrait du journal

eu de résultat, il a dû briser la porte pour pénétrer dans l’intérieur accompagné des gendarmes. Un des propriétaires de l’établissement s’est alors avancé et a déclaré à M. le commissaire qu’il protestait contre l’ef fraction qui venait d’avoir lieu et contre la violation de domicile dont il s’était rendu coupable. Alors s’est passé une chose écœurante, qui a profondément émotionné les assis tants et soulevé l’indignation de tous. Les gendarmes ont reçu l’ordre de s’emparer de chacun des religieux et de les expulser tour à. tour. Cet ordre a été exécuté. Chaque Père a été appréhendé au corps et conduit de force sur la voie publique. Au premier rang de la foule, une cen taine de femmes, appartenant à toutes les classes de la société, se tenaient au bas du perron que traversaient les religieux pour gagner la rue, et se précipitaient à genoux à la sortie de chacun d’eux, criant : Vivent nos Pères!... Bénisseznous mon Père! Au revoir! Au re voir !.... Et chaque religieux s’arrêtait et bé nissait la foule pondant que tous les fronts s’inclinaient. Onze Pères Jésuites, appartenant à des nationalités étrangères, ont protesté au nom de leur pays contre la violence qui leur était faite. L’un d’eux, qui venait d’être expulsé par les gendarmes, s’est tourné vers le public, et d’une voix forte et vibrante, a dit : Je suis citoyen anglais, et, comme tel, je proteste contre la violence qui m’est faite, violence inconnue dans la libre Angleterre ! Personne n’a le droit de por ter la main sur moi. Ces paroles énergiques, expression du sentiment de l’honneur national, ont été accueillies par plusieurs salves d’applau dissements. Mais c’est surtout lorsqu’à paru le R. P. de Maumigny, supérieur, que la scène est devenue touchante. Tous, hommes, femmes, se sont précipités vers lui, lui serrant la main et implorant une dernière bénédiction que le R. Père, les larmes aux yeux, s’est empressé de donner. Il a eu peine à se dérober aux témoignages d’af fection et de sympathie de tous ceux qui l’entouraient. Si nous sommes bien informés, il ne reste plus à cette heure dans le bel et vaste établissement, de Saint-Michel, si cher aux Lavallois, qu’un religieux, l’un des propriétaires do l’immeuble, deux malades à l’infirmerie et le cadavre d’un père qui attend sa sépulture. Quant aux autres congrégations établies à Laval et qui se trouvent sous le coup des décrets du 29 mars, elles en attendent à chaque heure l’exécution. La persécution a commencé par l’ex pulsion des Jésuites ; où finira-t-elle? L’histoire nous le dit : La persécution commence par l’arbitraire ; elle s’étouffe dans le sang ! (Indépendant de l’Ouest.J L’expulsion des Jésuites à Cossé On écrit de Cossé, le 30 juin : C’est le cœur rempli d’amertumè et d’indignation que je viens vous parler de l’expulsion des Jésuites de Cossé. Et ce...

À propos

Lancé en 1878, La Gazette de Château-Gontier fut un bihebdomadaire, puis un hebdomadaire local. Collaborationniste pendant l’occupation, il est interdit en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • maumigny
  • de vauguyon
  • cazot
  • trocherie
  • laval les
  • cossé
  • laval
  • angers
  • france
  • valence
  • tours
  • angleterre
  • craon
  • espagne
  • r. p.
  • m. x
  • les rr
  • la république
  • conciergerie