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La Gazette, 20 décembre 1900

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La Gazette
20 décembre 1900


Extrait du journal

Il est vraiment bien regrettable que le pays entier ne puisse assister à des débats parlementaires comme ceux qui ont marqué cette séance d’hier, com mencée à deux heures de l'après midi et terminée, à deux heures du matin. Il fallait à tout prix empêcher une dis cussion sérieuse de s’engager, étouffer les protestations et permettre aux minis tres de faire voter sans délai F amnistie de corn hit. A sept heures du soir, on croyait le débat renvoyé à jeudi ; le renvoi eût pu même être prononcé à six heures, sans la fa»bleise de M. le président Deschanel, qui semb'e avoir perdu toute autorité sur la Chambre. Mais l’incident soulevé par M. Lasies étant clos, un mot d’ordre a circulé à travers les bancs ministériels. « Il faut en finir ce soir même », et,à la stupéfaction générale, la majorité dé cide que la séance reprendra et couti nuera. A partir de ce moment ce n’est plus un débat,une discussion, c’est une cohue, une mêlée, une confusion que l’on ne peut décrire et qu’il faut avoir vue pour s’en rendre compte. Pendant près de huit heures, on voit des députés qui gesticulent à la tribune sans parvenir à se faire entendre. Peu à peu, les bancs se vident ; la faim, la las situde, le dégoût ont fait abandonner la séance à plus de 400 députés ; -sur les 150 qui restent, les uns donnent, les autres vocifèrent. De temps à autre, un scrutin nominal a lieu, le quorum n’étant pas atteint le Président lève la séance, elle est reprise quelques minutes après, et la comédie des discours et des votes continue et c’est ainsi qu’on arrive à 2 h. 1/2 du matin et que l’amnistie est votéî par 1 •>« voix contre 3— 433 députés ne répondant pas à l'appel de leur nom. Waldeck prend alors son portefeuille et va se coucher ; la farce pitoyable est jouée. La proscription, l’exil, la prison sont maintenus contre les Français coupables d’avoir dénoncé au pays l’abo'minable mensonge parlementaire et la parodie du système de la représentation nationale telle qu’elle fonctionne sous le régime républicain. Des séances comme celle d hier sont la justilication éclatante de ceux qui réc’ament que l’on en finisse avec ces mensonges et ces parodies. Rien n’est plus indigne d’un pays comme la France et il n’est pas un bon citoyen qui ne se sente révolté et humi lié par cet amas de turpitudes et de bas sesses. Si le pays eût put assister à cette séance nocturne, il aurait vu à l’œuvre les malfaiteurs qui spéculent sur son ignorance, et saisi sur le vif le vice du régime qui le ruine et le déshonore. Ce n’est pas un vote et une urne qu’il eut réclamé, mais un balai et une hotte. Charles Dcpcy. LE SECRET DU MINISTÈRE OU LA RAISON DE L’AMNISTIE...

À propos

La Gazette est le tout premier journal français à paraître grâce au soutien du cardinal de Richelieu. Créée en 1631 par Théophraste Renaudot, qui s’était vu octroyer ce privilège du Roi Louis XIII, La Gazette était la seule publication habilitée à annoncer publiquement les nouvelles venant de l’étranger. Il s’agissait de l’organe quasi officiel du Conseil du Roi détenant le monopole de l’information diplomatique et parfois des affaires intérieures. D’abord hebdomadaire, il devient quotidien à compter de 1792.

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