Extrait du journal

En cet endroit le père Simon fut interrompu dans son récit par une main qui pressait fortement son bras : il tourne la tête, et voit le jeune chevrier debout, l’œil ar dent, le teint animé : — Mon père, lui dit-il, je veux aller avec vous ; je veux consacrer ma vie à Dieu : vous m’apprendrez à le servir !... Le religieux regarda le jeune homme avec surprise ; il fut frappé d’un air d’exaltation et do gravité qu’il n’avait pas remarqué en lui. Philippe était grand et svelte ; ses cheveux bruns descendaient en grosses boucles sur ses épaules ; ses traits étaient réguliers ; sa physionomie était à la fois mâle et gracieuse ; un caractère de candeur et de sévérité y était empreint ; son teint eût été pâle si le so leil ne l’avait noirci ; son vêtement rustique, ses jambes nues laissaient apercevoir la force musculeuse de ses mem bres à demi formés. La démarche qu’il venait de faire, et qui l’avait emporté si loin, sembla bientôt l’étonner lui-même: comme effrayé de sa hardiesse, il baissa les yeux, attendant avec confu sion et anxiété la réponse du religieux. Le bûcheron et sa femme se regardaient avec un éton nement qui tenait de la stupéfaction. Le silence qui avait (1) Voir la Gazette d’hier.’...