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La Gazette du Languedoc, 17 octobre 1848

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La Gazette du Languedoc
17 octobre 1848


Extrait du journal

i tion. Cela n’a pas manqué, gr.ôcc au National, qui a si bien travaillé, qu’il est enfin arrivé à la République, but de scs longs et persévérants efforts. Ce n’a pas été sans batailler et sans coup-férir , certes. Il a fallu s’insurger à Paris, à Lyon et ailleurs, soutenir force procès, tant devant la cour des pairs qu’en cour royale et en police correctionnelle ; il a fallu tenir des conciliabules, attaquer directement ou indirectement, aller à ta ruine ou à la sape , organiser des banquets démocratiques , crier à la tyrannie contre MM. Guizot et Duché tel, et enfin livrer la grande bataille du 24 février qui a renversé le gouverne ment de juillet encore plus vite que ne l’avait été la Res tauration. Honneur aux vainqueurs , honneur aux victimes faites par le despotisme ! Approchez , héros du février, et recevez des drapeaux , des couronnes, des places et des récompenses nationales. Voilà donc MM. Cavaiguac, Bastide, Marrast, Sénard, Vaulabelle, Rccurt et tutti quanti au pinacle ! Mais il faut de l’ordre, entendez-vous! Un bon gouvernement ne peut exister sans ordre. En conséquence, ceux qui écriront contre le gouvernement seront suspendus, sinon pendus, ou envoyés devant les cours d’assises; ceux qui feront des barricades iront devant les conseils de guerre; ceux qui fe ront des réunions politiques, ouvriront les portes et délibé reront devant le commissaire de police; ceux qui auront pris les armes seront déportés sans procès, ceux qui vou dront faire des banquets, en demanderont la permission, et si la ville est troublée elle sera mise en état de siège, et si elle remue on fera marcher contre l’émeute 80,000 hommes et 80 pièces de canon ou obusiers qui foudroieront la révolte. C’est-à-dire que ces hommes, une fois au pouvoir, con damnent et flétrissent ftout ce qu’ils ont pratiqué et honoré, démentent tout ce qu’ils ont recommandé, retirent toutes les promesses qu’ils ont faites, agissent contre leur principe et réduisent toute la situation à l’état d’un fait accompli, sans se soucier en riva de leurs précédents. On a beaucoup crié contre Machiavel, ce conseiller des mauvais principes ; mais il semble que les démocrates pour raient en revendre à l’écrivain florentin et à ses adeptes, en fait de ruses et de tyrannie. Que si vous leur reprochez leurs palinodies, si tous leur rappelez leurs actes, leurs écrits, leurs principes , leur» promesses si contraires à leur conduite actuelle, ils rient d’un rire cynique et brutal, et vous disent tout naïvement qu’ils ont joué la comédie. Les comédiens de quinze ans avouaient leur immoralité ; les comédiens de dix-huit ans ne font guère plus de façons pour avouer qu’ils ont joué un rôle. Ainsi, dans la séance dont nous venons de parler, M. Marie, qui a été d< la longue conspiration de 1830 à 1848 ; M. Marie, qui a été l’avocat et le complice d’intention des accusés de juin 1832; M. Marie, qu’une insurrection a porté à 1 ’Hôtel—de—Ville eu février 1848, est monté à la tri bune pour défendre l’état de siège et maintenir la sus pension des journaux qui ont commis le crime d’attaque contre le gouvernement. Attaquer le gouvernement la plume à la main, quel forfait abominable ! L’âne des Ani maux malades de ta peste n’avait pas fait pis. M. Sénard , cet innocent, a renchéri sur son confrère ; il a soutenu et maintenu les rigueurs salutaires de l’étal de siège et la suspension, par le pouvoir exécutif, des journaux factieux. Et , après lui , tous les hommes du National de la veille et du lendemain , sont venus à la file voter la question préalable contre la proposition de M. Durrieu , qui avait le tort de venir sept ou huit mois trop tard. « Mais , moi , c’est autre chose ! dit Rainville dans l'Ecole des Vieillards. » Ces grands citoyens disent aussi : t Mais, nous , c’est autre chose 1 s> La France jugera combien tout cela est logique et surtout moral. Nous ne prétendons pas que les gouvernements doivent se laisser dévorer tranquillement par les factions anarchiques ; mais nous pouvons dire que, rétablir sous une autre forme ce qu’on a combattu , réussir par l’injustice , puis la condamner, en en gardant les profils , ôter à ses adver saires les armes avec lesquelles ils ont voulu se défendre et tourner ces mêmes armes contre eux , tout cela peut être fort démocratique assurément , mais n’est ni édifiant, ni rationnel. Ce n’est pas ainsi que l’on assure la paix et l’ordre dans un pays, car le principe subsiste , l’exemple reste et devient un encouragement à de nouvelles révo lutions. La conclusion est, qu’au commencement d’une ère nou velle , il faut que la nation étouffe l’esprit de parti , de môme que le dieu de la force, encore enfant , étoulïa les serpents qui s’étaient introduits dans son berceau....

À propos

La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".

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