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La Gazette du Languedoc, 18 septembre 1845

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La Gazette du Languedoc
18 septembre 1845


Extrait du journal

DES RÉCOLTES ET DES SUBSISTANCES. La situation du nord de l'Europe, sous le rapport des récoltes et des subsistances, doit nécessairement réagir sur nos provinces du Midi. On sait que, par le mouvement du commerce, et celui de l’opinion, les denrées qui servent de base à la nourriture des populations, prennent leur ni veau comme l’eau des fleuves et des lacs. Le vide que les intempéries ont fait dans certaines contrées, doit se rem plir du superflu que d'autres possèdent. Il s’opère alors une égalisation, un équilibre dans les produits et dans les prix, par les transactions qui se font de proche en pro che. Il importe donc en ce moment d’examiner la situation et d'en tirer les conséquences qu’elle doit produire. La crainte d’un mal imaginaire est souvent plus funeste que le mal lui-même dans sa réalité. M. De Maistre parle des batailles qui n’ont été perdues que parce qu'on les a cru perdues. Nous croyons qu'il en est de même dans beaucoup de disettes. Il faut donc commencer par guérir les imaginations de la peur. C’est ce que n’a point fait le gouvernement belge. Nous ne sommes point alarmistes ; nous ne désirons ni ne cherchons à faire naître des embarras dont les clas^ ses populaires auraient à souffrir. Oui, si le ciel, en ex piation de nos fautes, a permis que nous eussions de mauvais ministres, nous devons le remercier de ce que, sous un rapport aussi important, il nous a préservés des suites de leur imprévoyance. On ne peut, en effet, pansor sans frémir à ce que serait et deviendrait notre pays si le fléau de la disette s’appesantissait sur lui. Point de ré serve dans le trésor pour faire face à des besoins impré vus ; il y a, au contraire, déficit et anticipation sur l’ave nir. Point de dégrèvements à espérer sur les impôts, tout est engagé à des dépenses nécessaires ou superflues. On n'aurait pas même la ressource du dévoùment et des sacrificesdela grande propriété, des associations, des assem blées départementales et communales. La grande propriété ! on s’est séparé d'elle ; on Va sé questrée, exilée dans les limbes des intérêts publics; die devrait tenir le haut bout ; ou n’en veut pas même dans les mairies des villages. On n accepterait ni son concours, ni ses bienfaits : ceux de la grande propriété sont sédi tieux ; témoin l’association de Saint-Louis. En multiplant les commis et les salaires , en mettant partout l’intervention despotique et dure delà centralisa tion , on a tari les nobles sources du dévoùment désin téressé , de la bienfaisance locale On retrouverait, nous le savons , l’âme et le cœur des hommes de la religion , de la monarchie, des libertés nationales ; mais quelques efforts isolés, sans influence et sans appui, rémedieraientils à l'immense calamité dont le pava serait affligé ? Il est un principe salutaire dont l’action sur les esprits est toute-puissante. Après la religion qui est le meilleur des fortifiants dans la prospérité comme dans les désas tres et les revers, rien n'est propre à relever et soutenir les courages comme le principe monarchique. I)c 1810 à 1817, la France a connu les pénibles privations de la di sette qui succédaient à deux invasions. 11 y aurait eu de quoi perdre un gouvernement faible et sans influence morale ; mais la France, sortant d’un long despotisme, était pleine de confiance dans l’avenir. Sa sécurité lui donna la résignation et la force de supporter une rude épreuve. Il faut avoir vu 1813 et les années qui ont suivi, pour savoir < e que c’est qu'une Restauration. Le conva lescent, sorti d’une longue et cruelle maladie , qui sent renaître ses forces et revenir la santé ; le voyageur, long temps balloté par les vents et les flots dans l’étroit espace d’un navire, qui respire l’air embaumé des champs, et se voit libre de parcourir l’espace , ne donnent qu’une faible idée du bonheur d’un peuple qui se repose enfin, après de pénibles agitations, qui se sent soulagé du joug de fer qu’il portait. Voici, par a|H*rçu, la situation générale du pays , telle qu’elle nous apparaît, d’après les révélations de la presse et l’aspect de nos grandes provinces. Les récoltes qui avaient donné des inquiétudes fondées, par suite des intempéries, jusqu’au commencement du mois d’août, ont été miraculeusement sauvées au moment où l’on s’attendait aux plus grands désastres. Le retour du beau temps a été leur résurrection. Il y eu quelques per tes sur les seigles précoces ; mais les froments , l’orge, l’avoine et, dans les régions du Centre et du Midi, le maïs , ont donné ou donneront une bonne récolte ordi naire. Dans les provinces qu’on peut regarder comme les gre niers de la France : la Brie, la Beauce, le Câlinais, la Normandie, la Picardie, la Champagne, etc., il existe des restes considérables de l'année dernière. Ces excédants, ajoutés aux produits de l’année, forment une masse ali mentaire plus que suffisante pour la consommation. Des ressources ordinaires d’alimentation, il faut déduire une quantité notable de pommes de terre et de légumes secs, qui a été détruite dans le Nord par une humidité surabondante, et de mais qui a également manqué dans...

À propos

La Gazette du Languedoc fut une feuille monarchiste légitimiste publiée à Toulouse et distribuée dans ses environs entre 1831 et 1857. Plusieurs fois poursuivie par la Monarchie de Juillet et par le Second Empire, La Gazette du Languedoc servait de plateforme pour l’opinion légitimiste dans la région. Ses bureaux faisaient office de véritable siège pour les partis politiques issus du mouvement, inquiétés par les soutiens de la duchesse de Berry, notamment après son expédition manquée de 1832 et sa tentative de se déclarer régente au nom de son fils "Henri V".

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