Extrait du journal

un feijIe DE jnol\T La Chambre reprendra demain la discussion de l’abolition de la peine de mort. Prononcera-t’elle cette abolition? C’est bien probable, puisque les Juifs le désirent. En attendant sa décision, les jour naux ont rompu force lances pour ou contre cette peine de mort. Le grand argument des partisans du projet ministériel est celui-ci : L’inter nement cellulaire, qui remplacera la guillotine, est une peine encore plus terrible. C’est, au bout de quelque temps, la folie puis la mort. Suivent d’émou vantes descriptions de l’affolant isole ment auquel est soumis le condamné, des récits terrifiants de la folie de l’as sassin du roi Humbert, condamné à l'encellulement perpétuel. Et l’on tire de tout cela le raisonnement suivant : « Les partisans de la peine capitale in voquent en sa faveur la frayeur qu’elle inspire aux criminels et qui peut les arrêter au moment de commettre leur crime. L’encellulement perpétuel étant un châtiment encore plus terrible que la guillotine, arrêtera beaucoup mieux les assassins sur la pente du crime. » Raisonnement éminemment spécieux et radicalement faux. Le malfaiteur, dans la préparation et l’exécution do son for fait, ne saurait être très vivement im pressionné par ce qui n’est en somme qu’un artifice littéraire. 11 lui faudrait, en effet, faire un très réel effort d’ima gination pour so représenter les offres du prisonnier isolé pour toujours du reste du monde ; affres qui doivent le mener à la folie. L’assassin n’en cherche pas si long. Il ne voit qu’une chose : « si je suis pris j’aurai toujours bien la vie sauve. Et tant qu’on n’est pas mort il ne faut pas désespérer. On dit qu’on en devient fou. Bast, j’ai la tète solide. Et puis on no sait pas ce qui peut arriver. Bien des prisonniers se sont échappés. Une ré volution, une catastrophe peut se pro duire. » On révisera peut-être mon procès. Dreyfus n’est-il pas sorti do 1 île du Diable et de la double boucle ? »...