Extrait du journal

—- J’offense le dieu du pays, 1 argent : j’ai l’air pauvre. Il disait qu’à Lyon on ne faisait bien qu’une chose : la cuisine. On l’avait pré senté à une société de gens qui savaient dîner. En sortant de table, Stendhal allait avec les convives admirer la vue du quai Saint-Clair et voir jouer aux boules. Il se faisait aussi conter les scan dales amoureux du pays. La chaleur devenait-elle accablante à Lyon ? 11 entrait au palais Saint-Pierre, et il y goûtait la fraîcheur, tout en re gardant un tableau du Pérugin où les anges avaient des figures de jeunes Alle mandes. ... Le voici sur la route d’Orange, en compagnie du comte de X... qui a dix-neuf ans à peine. Une jeune fille vient à passer, montée sur un âne. Tout à coup un gamin de douze ans saisit l’âne par la queue et saute en croupe. La jeune fille rit sans se lâcher. Mais un gros homme, qui passait sur une charrette, lance un coup de fouet au gamin espiègle. D’où querelle entre le charretier et le compagnon de Stendhal, qui prend son énorme adversaire courageusement à la gorge. « Quand il a été à vingt pas, — dit Stendhal, — le comte lui a jeté son fouet dont il s’était emparé. Toute ma vie j’aimerai ce jeune comte, qui, quoi que fort riche, n’est point niais. » Stendhal trouvait les femmes d’Avi gnon fort belles, et il admirait la pro...